« Pas facile de mettre fin à ses jours quand on cherche à vous tuer ! ».
L’étrangeté du scénario imaginé par Matthieu Delaporte et mis en scène avec son complice de 20 ans Alexandre de la Patellière fait toute sa saveur mais s’enlise malheureusement dans des lieux communs et un texte peu intéressant. Certes le tout est assez étonnant et imprévisible (et nous n’en dirons pas plus) mais une pièce écrite par insomnie peut-elle être une bonne pièce ?
Dans le rôle de Bertrand, Kyan Khojandi m’a laissée pour le moins dubitative : son corps mou n’exprime rien sinon la défaite et son jeu reste neutre. Il y a bien ce quelque chose de mélancolique dans le regard mais on ne sait pas exactement s’il se repose dans un jeu peu recherché ou s’il excelle dans le rôle de l’homme indolent prêt à se jeter par la fenêtre. L’humour qu’on lui connait est assez mal exploité…
Le contraste avec Eric Esmonino n’en est que plus flagrant. Il incarne pour sa part un personnage atypique et son interprétation de la mort est rieuse et pleine de malice ; la mort (assez novice, il faut le dire) s’en sortira quand même après quelques déboires (on ne dévoile que ça, promis…). Adèle Simphal enfin, sibylline et tombée comme la providence, remplit son office avec grâce même si son personnage aurait pu être plus fouillé. Elle s’en sort bien avec la partition donnée.
Une playlist entrainante, un décor sur deux niveaux qui laisse une partie du plateau vide et crée un environnement clos et déjà replié sur lui-même ; le travail a été fait pour donner toutes ses chances à la pièce qui est sympathique mais ne vaut en rien l’excitante intrigue du « Prénom » ni les dialogues piquants de leur adaptation de la pièce espagnole « Par le bout du nez ».
Il faut croire que l’absurde n’est pas toujours payant quand il ne s’accompagne pas d’une certaine profondeur. Même si on a plaisir à les voir sur scène devant nous et non sur un écran, ces deux belles têtes d’affiche n’y changent rien ! Je ne sais si la pièce a bien duré “1h22″mais une chose est sûre : malgré ces étranges ciels étoilés défilant à vitesse grand V en toile de fond, le temps m’a semblé long.
Article : Bénédicte Six
Crédit photo : Une scene de 1H22 AVANT LA FIN texte de Matthieu Delaporte Mise en scene de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patelliere avec Kyan Khojandi, Eric Elmosnino et Adele Simphal a La Scala Paris. Photographie de Pascal Gely / Hans Lucas