C’est déçue que je ressors des bouffes parisiens pour une pièce qui, à mon avis, aurait pu être plus réussie!
L’histoire est pour le moins originale: dans une cellule de prison débarque Robert (Niels Arestup), acteur de profession. Robert accepte de devenir le mentor d’un de ses deux codétenus Gepetto (Kad Merad) voulant à son tour devenir acteur et passer le temps. Le 3eme homme incarné par Patrick Bosso reste lui silencieux, à la fois dangereux dans son silence et public attentif à cette tentative de reconversion de son compagnon. Dans cette pièce en un acte sans changement de décor, la lumière s’éteint de temps en temps, marquant la succession des jours qui passent et l’ennui des prisonniers. La mise en abyme des acteurs jouant aux acteurs et parlant d’acteurs est assez jubilatoire: on se demande souvent qui parle et si les dires des personnages sont partagés par leurs interprètes. Cela donne des répliques assez justes et remplies d’ironie sur ce double sens possible.
Aussi, avec de bons acteurs et un scénarios original, la pièce avait beaucoup de potentiel si ce n’était le trop plein de vulgarité et les scènes répétées où Robert ne cesse d’interrompre et de rabaisser son élève qui ne lui donne pas satisfaction. Car le plus violent des trois dans cette prison est bien Robert, avec une violence de langage qui pour moi n’est pas justifiée, si ce n’est peut-être pour marquer la lassitude d’un personnage qui n’a plus beaucoup foi en la vie. De son côté, Kad Merad excelle dans le rôle de l’homme simplet qui donnerait le bon dieu sans confession à Robert et ne se rebelle que trop peu face à son professeur. Mais c’est véritablement lorsque son personnage fini par produire le monologue d’Hamlet dans une scène assez surprenante (qu’on ne vous dévoilera pas ici!!) que la pièce s’élève, pour un moment. Le talent de Kad Merad se révèle, dans un répertoire dans lequel on ne le voit jamais et avec une intensité certaine. Cette scène là est belle mais bien trop courte et arrive comme dénouement là où la pièce aurait pu monter en puissance! C’est bien dommage.
Au moment des saluts se passe quelque chose de fort: les acteurs boivent les applaudissements comme un signe d’approbation nécessaire et indispensable avec beaucoup d’humilité et de surprise dans les pupilles, comme quoi même les acteurs reconnus ont besoin de se convaincre chaque jour de leurs légitimités face au public. La connivence palpable entre les acteurs et également belle à voir.
On salue donc le talent des acteurs mais déplore un texte qui aurait pu être plus recherché, plus intense et offrir plus de matières aux acteurs pour créer d’autres étincelles!
crédit photo: les bouffes parisiens, http://www.bouffesparisiens.com/spectacle.php?spec_num=39