Quelle histoire !
« Adieu M. Haffman » pourrait simplement relater l’histoire d’un juif caché dans une cave par des français durant la seconde guerre mondiale. Mais c’est sans compter sur les ressorts de l’intrigue qui rendent beaucoup plus complexe la situation présentée. Car voilà : M. Haffman, bijoutier de profession, propose en 1942 à son employé Pierre Vigneau de prendre la tête de son commerce le temps que la guerre finisse et d’accepter en échange de l’héberger dans la cave de la boutique. Ce à quoi Pierre met une condition : étant stérile, il demande à son futur « ancien patron » de faire un enfant à sa femme pour leur permettre de devenir parents.
Ce curieux pacte aura des effets bien insidieux sur la vie du couple Vigneau et sur le rapport du français avec son captif. Peut-on vendre des bijoux aux nazis en haut et abriter un juif en bas ? Comment ne pas perdre ses valeurs en route et vaincre la peur d’être pris ? Comment ne pas donner à l’homme couchant avec sa femme la face du monstre juif décrié partout dans la propagande nazie ? Cette confusion de sentiments et les ressentiments grandissants maintiennent le spectateur dans l’expectative jusqu’à la scène finale du dîner des Vigneau, de Joseph Haffman passant pour un parent venu de Lyon et d’un couple de dignitaires nazis, clients de la boutique. La vie de Mr. Haffman va-t-elle être mise en danger ?
L’intrigue haletante, le décor ingénieux, l’histoire mêlant adroitement des questions philosophiques à l’intrigue, le jeu impeccable des cinq acteurs présents sur scène … Tout rend cette pièce imprévisible jusqu’à la scène finale. A noter d’ailleurs la prestation très drôle de Charlotte Matzneff dans cette dernière scène.
Une jolie claque que ce spectacle !