Avec son air mutin et cette ressemblance déroutante avec Ludivine Sagnier, Barbara Lambert livre un seul en scène physique, en proie à sa prison numérique et mentale.
Sa « prison » ? Un lit, énorme, gargantuesque, occupant l’entièreté du plateau du théâtre de La Luna. Sur celui-ci : Maxine, que Barbara incarne pour nous pendant 1h10, celle que le journal cosmopolitan identifie comme la « trentenaire épanouie ».
Dans une mise en scène originale signée François Bourcier et centrée sur ce lit, Maxine s’affaire tandis qu’une voix off nous situe l’état de notre société et l’omniprésence de la technologie dans la vie de Maxine. Puis passé ce prologue un peu long survient « l’événement », qui l’oblige à entamer son dialogue avec Leo, son assistant vocal, pour trouver un moyen de s’échapper de son isolement désormais forcé.
Bien que le propos soit tout de suite limpide pour qui a vu Black Mirror et/ou s’intéresse un peu à l’impact de la technologie sur nos vies personnelles et le tissu collectif de nos sociétés, la fin choisie pour ce seul en scène est particulièrement intéressante.
En effet, si la pièce dénonce tout du long l’enfermement des générations Y et Z dans un univers virtuel en nous montrant la détresse que crée chez les individus les addictions fabriquées pour capter à tout prix notre attention, la fin opère une bascule pour rappeler les potentialités bénéfiques qui animaient les créateurs du web telles que le partage de connaissance, la solidarité au-delà des frontières…
Comme dans tout ce qu’il a créé d’utopiquement « bon », l’homme a versé son poison dans la source. Comme un appel à mieux comprendre et à mieux protéger nos jeunes qui sont nés ou ont grandi dans les méandres plus ou moins bien intentionnés de cette toile d’araignée mondiale.
« Algorithme » s’adresse à tous ceux qui n’ont pas encore saisi l’ampleur de l’effet bulle des filtres sur internet et du biais de confirmation sur nos choix dans la vraie vie ; phénomènes pourtant omniprésents et qui ne peuvent être réduits à la seule volonté des individus à y échapper.
Sujet sérieux servi par une mise en scène atypique, « Algorithme » est, peut-être, plus destiné à la prise de conscience qu’à l’approfondissement du sujet. Mais ne nous y trompons pas, le futur de l’IA toque déjà à nos portes !
Crédit photo : Pedro Lombardi
Rédaction article : Bénédicte Six