L’acteur et metteur en scène Daniel San Pedro s’empare des textes de Federico Garcia Lorca pour créer ce concert théâtral « Andando Lorca 1936 ».
Sur une composition et direction musicale du fidèle Pascal Sangla, Daniel San Pedro nous invite à une promenade entre français et espagnol dans l’univers du poète. Cinq actrices accompagnées de trois musiciens (Liv Heym, Pascal Sangla et M’hamed El Menjra) se meuvent sur le plateau des Bouffes du Nord.
Dans un théâtre d’ambiance sans réelle narration, les textes de Federico surgissent de la bouche de ces comédiennes chanteuses, son univers poétique et sensuel investit l’espace. Pendant 1h40, les chants en chœur et les solos s’enchaînent comme autant de tableaux très visuels. La belle voix de Camélia Jordana se fait caressante et envoutante. Audrey Bonnet, cheveux longs reconnaissables entre tous, se présente dans un registre plus doux que dans les productions de Pascal Rambert qui nous ont habitués à la voir tout en nerfs. Johanna Nizard se détache et s’offre la meilleure séquence du spectacle avec un solo enjoué et drôle, grimée comme un garçon. Aymeline Alix et Estelle Meyer complètent cette distribution.
Dans un décor qui rappelle au tout début le beau moucharabieh de la mise en scène de « La maison de Bernarda Alba » donné à la Comédie-Française en 2015, avec ce lourd rideau de fond de scène qui tombe pour dévoiler le légendaire mur des Bouffes, parées de belles mantilles, ces âmes vont et viennent entre tristesse et allégresse.
De ci de là, des allusions à 1936, à l’insurrection des Asturies de 1934 et au frente popular avant l’entrée en guerre civile de l’Espagne se fraient un chemin sans être vraiment explicitées. Quelque chose du tempérament et de l’âme traditionnel espagnole plane dans l’air.
C’est un peu long mais joli et sans prise de tête… Une berceuse ibérique pas désagréable.
article : Bénédicte Six
crédit photo : Jean-Louis Fernandez