« Au café Maupassant » investit depuis le 22 novembre la grande salle du Théâtre de Poche-Montparnasse. Aménagée façon café-concert avec des tables à nappe quadrillée, la salle se remplit peu à peu de spectateurs (on peut même commander des boissons !) avec au centre, les quelques tables qui serviront de terrain de jeu aux acteurs.
Cette mise en espace « circulaire » pourrait ne pas faciliter l’écoute et la vue des comédiens (mieux vaut arriver tôt pour être placé en vis à vis des acteurs) mais les banquettes du fond permettent aussi une bonne vision. Lorsque le noir se fait légèrement un piano retentit : je suis alors restée pendue aux lèvres des acteurs de la première nouvelle « le signe » (racontée par la malicieuse Manon Combes et sa complice Marie Vialle) jusqu’à la fin.
C’est est une pièce charmante qui ravive cette atmosphère si propre à Maupassant. Les nouvelles choisies avec soin sortent de recueils aussi variés que Mademoiselle Fifi, le Horla, Monsieur Parent ou encore le recueil posthume du Père Milon. Pour mon plus grand plaisir ces nouvelles m’étaient toutes inconnues : pleine de mordant, réalistes, cyniques ou parfois pessimistes. Quelle joie de les découvrir, ainsi interprétées et incarnées par les faits et gestes des 6 excellents comédiens. Une fois une nouvelle achevée les acteurs redeviennent spectateurs si bien qu’il y a quelque chose de virtuose dans l’enchaînement des histoires. Ce petit monde littéraire s’anime, se croise entre les tables. On croirait à un tableau de guinguette de Manet ou Renoir dans lequel des personnages prendraient vie chacun leur tour avant de se fondre à nouveau dans le décor.
Ce café Maupassant donne donc l’impression d’être transporté ailleurs vers la fin 19e et dans des histoires toutes aussi fines qu’inattendues.
Cette adaptation de son émission radio par Marie-Louise Bischofberger donne lieu à une soirée de récit au théâtre des plus réussie.
On en ressort ravi !
Crédit photo: Pascal Gely