Lorsque j’ai vu “Le père”, pièce acclamée, récompensée par de nombreux prix et qui, selon le New York Times, est en cours d’adaptation pour être jouée à Broadway, le jeu de Robert Hirsch m’avait bouleversé. Cette pièce fut un véritable choc esthétique pour moi, j’étais ressortie en larmes et plongée dans un désarroi que seul le film “Marguerite” a depuis reproduit. Car Florian Zeller touche à l’humain dans ses vibrations les plus profondes.
Forte de ce constat je n’avais pas tellement envie de retourner voir Robert Hirsch dans “Avant de s’envoler” dans la crainte d’être à nouveau submergée par des émotions, il faut le dire, relativement désagréables. La mort, la solitude, Alzheimer, la perte de l’être aimé, le basculement de la vie d’un homme, l’immense acteur drapé dans sa vulnérabilité et son refus d’abandonner la scène. J’ai retrouvé tout ça au théâtre de l’Oeuvre. L’histoire a de nouveau pris des chemins obscurs mêlant l’affabulation à la réalité, perdant le spectateur, faisant monter le malaise. Ce qui marche une fois est difficilement reproductible et pour avoir senti mon coeur se serrer à plusieurs reprises je n’ai pas aimé cette représentation là. Seule Isabelle Sadoyan apporte une touche nouvelle dans cette pièce. Sa douceur, sa lucidité ne font qu’amplifier l’écho du vide face à cet homme perdu.
Je recommande donc vivement à ceux qui auraient manqué “Le Père” cette représentation hors du commun car le simple fait de venir est un hommage rendu à la performance de Robert Hirsch, ce monstre théâtral. Mais aux autres, je dirais sans détour : ne vous attendez à rien de neuf !
Crédit photo: Photo Lot.