Direction le Théo-théâtre pour découvrir un Feydeau inconnu: « Dormez, je le veux ! ».
Une cinquantaine de places à tout casser et six acteurs dans un décor simple : il y avait un quelque chose d’artisanal, un parfum de festival off d’Avignon qui flottait dans cette salle. Oui, j’aurais bien vu la pièce se jouer en plein air par une belle soirée, pourquoi pas au “mois Molière” : les acteurs auraient alors eu raison de parler si fort et de jouer sur l’exagération pour rajouter un petit côté « comedia del’ arte » à leur interprétation. Oui, assurément, cela aurait sonné plus juste que dans un si petit théâtre où le jeu m’a semblé poussif et le niveau sonore inadapté.
« Dormez, je le veux ! » est une pochade courte, pleine du comique de situation dont Feydeau a le secret. Mais entre les tirades se sont souvent glissées quelques chansons d’antan (« les nuits d’une demoiselle », « ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine »…) : il y a pour moi une erreur de mise en scène dans ce choix. Au lieu de rallonger ainsi la pièce avec des chansons chantées en play-back, n’aurait-il pas mieux valu jouer deux piécettes de Feydeau à la suite? Ce procédé, donnant l’avantage de proposer un spectacle d’une longueur raisonnable, je l’avais vu utilisé il y a de cela des années chez Maxim’s où Robin Renucci et ses partenaires avaient interprété « feu la mère de madame » et « la dame de chez Maxim’s » à la suite. C’eût été un meilleur parti pris!
Le jeu n’en reste pas moins bon : les acteurs sont drôles et investissent leurs rôles avec humour… mais les choix de mise en scène sont clairement à revoir !