« En attendant Bojangles » est l’histoire d’une rencontre au bord du gouffre. Premier roman d’Olivier Bourdeaut publié en 2016, « en attendant Bojangles » se découvre depuis peu sous une autre forme, au théâtre de la Pépinière.
Sur scène, trois acteurs. La voix de Nina Simone résonne, suave et tranquille, totem d’une famille fantaisiste. Il y a la mère, centrale, mélodramatique et pleine de fantaisie. Le père Georges qui a choisi sa femme un soir d’enchantement et le fils qui est ici le narrateur. La vie de ces trois complices tourbillonne et tournoie dans les frasques et les fêtes, jusqu’au jour où les chimères de Georgette rattrapent la famille.
La construction de la pièce est assez intéressante car il a été choisi de garder le fils en place de narrateur. C’est un peu comme si les êtres de papier prenaient vie sur scène, un livre lu à haute voix avec l’intervention des divers personnages lorsque les guillemets s’ouvrent dans le récit. Ce n’est pas une transposition théâtrale du livre mais plutôt un livre, une trame narrative qui prend corps, animée sur scène par l’art du jeu.
Les thèmes abordés de la folie, de la désespérance, de la solitude ne sont pas foncièrement heureux mais le traitement de la pièce est léger, enjoué, aérien. En effet, le texte nous murmure d’accepter la folie par amour, nous dit que ce qui est différent n’est pas nécessairement mal, que se construire hors la société et hors les règles permet à certains de continuer à rêver. C’est la promesse d’une fidélité et d’une vie partagée à deux sinon rien. C’est un conte pour adulte, un besoin d’évasion et de rêveries.
Les acteurs Anne Charrier, Didier Brice et Victor Bonlenger, très complices, forment un trio délicat, naviguant sur le fil du raisonnable pour faire raisonner haut et clair le récit. Il serait peut-être juste d’admettre que les adultes aussi ont besoin de contes de fée… Un très bon moment d’égarement !