Pas très au fait de l’histoire biblique, pas très intéressée à priori, je me suis rendue au spectacle sans grand entrain et en me fiant à deux noms de confiance : Guillaume Gallienne et le théâtre Montansier… Sans déception ! Ces deux “ingrédients” mis ensemble n’ont besoin de rien d’autre pour faire naître la magie.
Quel talent de conteur ! Quelle présence et quelle allégresse dans le jeu ! Quel plaisir à suivre les pérégrinations de Saint-François-d’Assise père de la pauvreté transfiguré pour nous en un personnage de théâtre vivant et subversif (ce qui est d’ailleurs surement plus proche de la réalité que la version épurée véhiculée l’Eglise). Récit d’une Italie où sévit l’inquisition et où François avec ses harangues publiques inspirées, ses vœux de pauvreté et ses exploits dérange jusqu’au pape Innocent III qu’il devra convaincre pour créer son ordre et pouvoir poursuivre ses prédications. De petites incartades viennent ajouter à ce récit deux ou trois piques malicieuses pour notre époque présente.
Un seul en scène porté avec panache sur ce plateau nu par un immense acteur (qu’on n’avait pas beaucoup aperçu sur scène depuis Lucrèce Borgia) et qui porte haut les mots de l’écrivain-comédien italien Dario Fo, Prix Nobel de littérature 1997 et auteur de cette hagiographie.
Un moment délicieux : drôle et porteur d’un message de liberté. Une belle surprise que je recommande sans hésiter !
crédit photo couverture : (c)Christophe Raynaud de Lage/Coll Comédie-Française / article : Bénédicte Six