Qui nous fera encore croire que les spectacles « tout public » donnés au Studio de la Comédie-Française ne font que le bonheur des enfants ?
Dans une adaptation libre du conte des Frères Grimm mis en scène par Rose Martine dans une scénographie de Nicolas Vedier, l’action du célébrissime conte s’est déplacée sur un territoire caribéen indéfini. La famine y sévit et oblige un couple de bucherons à abandonner leurs enfants Hansel et Gretel dans la forêt, les vouant ainsi à une mort certaine, mais plus rapide que la faim… Mais la malice sauvera Hansel et Gretel des premières tentatives d’abandon de leurs parents puis de la sorcière qui les retiendra captifs dans sa maison de pain d’épice.
Rose Martine réussit tout à la fois à rendre la légèreté du l’univers des contes et sa noirceur censée nous préparer à l’adversité du monde adulte. Vision hybride à l’intersection de plusieurs versions du conte, celle de Rose Martine dit ses combats et une articulation précise des idées qui lui importent.
Dans le rôle de Gretel, Claïna Clavaron est impeccable, accompagnée de son très bon partenaire de jeu et jumeau dans cette version, Birane Ba. Leur duo plein de candeur et d’ingéniosité fait d’autant plus ressortir la cruauté du sort leur étant réservé. Ce jour-là, Julie Sicard (en alternance avec Géraldine Martineau) nous régala de son effrayante interprétation de la sorcière. Dans le rôle du conteur, Gaël Kamilindi emprunte aux contes créoles les relances du Kriké-Kraké pour faire participer les petits. C’est lui qui mène la danse, ponctuant l’histoire de chants et de mouvements dansés dans un magnifique costume.
Tout est léché, généreux et beau. Un vrai bonheur qui nous aussi nous captive. On vous aura prévenus : les parents auraient bien tort de ne pas se joindre à la fête !
Photos : Vincent Pontet