N’allons pas par quatre chemins : quel texte ! Porté par quelle mise en scène !
Au théâtre de l’Atelier, Jean-Louis Benoît met tout le propos et la pensée existentialiste de Sartre en valeur avec une distribution parfaite dans sa mise en scène sobre et percutante.
Dans cet Enfer pavé de canapés, trois damnés se jaugent et s’interrogent sur les raisons de leur réunion et les conditions de leur séjour qui ne ressemble pas du tout à l’image qu’ils s’en faisaient. Les masques tombent et chacun, petit à petit, comprend qu’il est lui-même le bourreau, “l’enfer de l’autre”… Une montée en puissance s’opère, permise par le jeu extrêmement sensible de ce trio qui comprend, tentative sur tentative, qu’aucune alliance ne sera possible ; et à jamais.
J’ai trouvé Marianne Basler tout bonnement impressionnante. Si assurée, cruelle et dans la seconde d’après si vulnérable et désarmée. Ses tremblements, son engagement dans le personnage d’Inès, l’employée de poste machiavélique qui comme la mante religieuse met à mort ses proies amoureuses, m’ont happée.
Maxime d’Aboville campe un Garçin odieux, inquiétant et fiévreux qui fait froid dans le dos (sa performance dans The Servant ne m’a d’ailleurs jamais quittée). Mathilde Charbonneaux vient compléter cette distribution en apportant une touche électrisante dans son rôle de mondaine qui désire à tout prix qu’un homme la regarde.
En scène ensemble jusqu’à la fin, les trois acteurs nous transmettent le message de ce huis clos où chacun n’est vivant que dans le regard de l’autre. Comme le dit Jean-Louis Benoit dans sa note d’intention, “c’est nous face à nous même et au monde”.
Une pièce du répertoire dramatique français à mettre devant tous les yeux, qui plus est quand elle est aussi bien jouée ! Pour moi, j’ai passé une excellente soirée de théâtre. A quand des “Mouches ?”
Pour réserver : https://bit.ly/HuisClosTPA
Article : Bénédicte Six
Photo : Pascal Victor/ArtComPress