Sur scène, dans une salle pleine à craquer, sept jeunes acteurs se préparent. Ils sont tous passés par l’Académie de la Comédie-Fançaise en 2015-2016 et se sont réunis derrière la plume de l’un des leurs, Hugues Duchêne, pour raconter en une heure l’actualité de l’année qui vient de passer.
Projet mené depuis deux ans, « Je m’en vais mais l’état demeure » est donc la deuxième création de Hugues Duchêne et le premier opus d’une série qui relatera le quinquennat d’Emmanuel Macron. Une année 2017-2018 judiciairement marquée par le procès des antifas, de Jawad Bendaoud, d’Abdelkader Merah… Mais aussi par l’épisode des CRS au théâtre de l’Odéon et jusqu’à la victoire de la coupe du monde de footbal- car, oui, selon l’Art.4, cette pièce sera régulièrement réécrite.
Du monde du théâtre, on croise Jean-Michel Ribes, Eric Ruf, Stéphane Braunschweig et d’autres acteurs de la Comédie-Française anonymés. On croise aussi François Hollande (imitation jubilatoire de Laurent Robert), le couple présidentiel, un policier, des avocats. Tout s’enchaîne avec aussi des moments de la vie privé d’Hugues, comme des pauses bienvenues dans la frénésie de l’actualité.
Ce qui est très intéressant dans ce texte c’est qu’il relate l’année que nous venons de passer en laissant au spectateur l’espace pour s’exprimer. L’écriture de Hugues Duchêne donne à voir plus qu’elle ne dénonce directement et lorsque les rires fusent dans la salle c’est à la fois parce que les scènes sont adroitement jouées (personnages bien mimés et/ou dialogues très réalistes) et parce que le spectateur perçoit par lui-même le ridicule, l’absurde et le non-sens d’une situation qui a bel et bien existé. De cette manière, le spectateur s’engage dans ce théâtre satirique et sa réaction marque la conscience qu’il a ou qu’il prend des travers de la société et de son rapport à l’actualité du pays.
C’est incisif, drôle, pas moralisateur mais subtilement engagé. Du théâtre documentaire avec une vraie force de proposition et des acteurs en plein envol! A suivre…
crédit photo: © Simon Gosselin