La nouvelle création de la compagnie Bacchus, « Léo et Lui », raconte l’antagonisme entre deux générations d’artistes musiciens-poètes habités par les mots et les désillusions.

Le texte de la pièce est un montage tiré exclusivement des textes écrits par Léo Ferré et rassemblés dans « Les chants de la fureur » donnant ainsi un propos construit par la seule parole de l’artiste. Ce parti pris rend le spectacle exigeant voire ardu pour qui viendrait découvrir Léo Ferré pour la première fois. Néanmoins, si la figure de l’artiste est dès lors difficile à cerner, nous découvrons Léo Ferré au travers de ses idées dévoilées peu à peu. Les textes parlent de générations, de passage de flambeau, de poésie et de doutes dans la langue sinueuse et dense de l’artiste. La mise en scène de Lucile Pétrement centre l’action sur le verbe, créant une atmosphère suspendue et hors du temps. J’ai été particulièrement sensible aux passages musicaux qui semblent faire appel à une parcelle intime de chacun des deux acteurs, Léonard Stéfanica et Jean Pétrement, donnant une profondeur touchante à l’interprétation.

“Léo et lui” est un spectacle intimiste et pointu qui ne se laisse pas facilement attraper par qui ne connaîtrait pas ou peu la figure de Léo Ferré ce qui, à mon avis, fait à la fois la force et la faiblesse de cette création.

Une interprétation incarnée des textes et des chansons qui plaira à un public aguerri.

Crédits photo: Compagnie Bacchus