Une représentation dans les règles de l’art… classique !
Avec Catherine Hiegel à la barre de la mise en scène, Julie-Marie Parmentier et Benjamin Jungers embarqués dans le rôle des jeunes amants, une odeur iodée de Comédie Française plane sur la scène du théâtre la Porte Saint-Martin !
D’aucuns reprocheront à cette mise en scène d’être trop sage, avec des costumes trop classiques ne collant pas à certains des éléments de décor un peu loufoques. Mais dans une certaine mesure, l’impressionnant est qu’on commence souvent sa découverte du théâtre en s’attaquant à Molière. Or l’écriture en alexandrin et ses plaidoyers virulent sous le masque de la comédie sont d’une finesse qui demandent un effort à plus d’un. On ne fait pas ce qu’on veut de Molière. Aussi, cette représentation bien que très classique m’a plu car elle respecte l’œuvre et le propos de l’auteur- le siècle de l’auteur se prête bien à la représentation de cette fausse culture de salon. Comme dans son rôle dans « on ne badine pas avec l’amour » lors de son court passage à la Comédie Française, Julie-Marie Parmentier a une voix un peu chétive qu’on aurait voulu plus forte et plus affirmée! Elle reste plus convaincante à l’écran que sur les planches. Le contraste avec Agnès Jaoui, campant dans le rôle de la matrone dominante, aveuglée par sa cuistrerie et son savoir badin est d’autant plus criant. Dans le rôle de la tante libertine et délurée, Evelyne Buyle est tout simplement exquise, en courtisane sur le déclin. Le jeu de Jean-Pierre Bacri face à cette horde de femme m’a semblé bien fade. Pour sa part, Philippe Dusquenne dans le rôle de maître à penser est presque méconnaissable et transcrit bien l’orgueil et la perversité du personnage.
C’est donc une représentation sage et bien orchestrée qui permet à tout le monde de découvrir ou redécouvrir ce classique. Pour autant, la dimension féministe soi-disant mise en avant par C. Hiegel ne m’a pas sauté aux yeux. Parfois un théâtre en costume d’époque et bien interprété vaut mieux qu’un massacre à coup d’anachronismes et de modernisation surfaite! Quand le message est intemporel mieux vaut le laisser dans son écrin d’origine pour qu’il garde toute sa pertinence et son intensité et ne pas chercher à faire dire à un texte déjà riche ce qu’il ne dit pas !
crédit photo: Brigitte Enguerand/ Divergence