Dans le rôle du légendaire Hadrien se présente à nous l’acteur Jean-Paul Bordes. Assis dans le noir, vêtu d’une toge romaine et d’une couronne de laurier dont il ceint son front chenu, l’acteur déroule le texte élégiaque et crépusculaire de Marguerite Yourcenar qui raconte le règne et les spectres d’Hadrien.
Dans l’adaptation et la mise en scène de Renaud Meyer, Jean-Paul Bordes incarne pendant un peu plus d’une heure ce héros historique, homme d’état, connu – selon Wikipédia – autant pour son règne que pour le récit poétique et romanesque qu’en a fait celle qui l’a popularisé dans les années 50.
Tel un “manuel de philosophie empirique”, l’empereur revient sur ses connaissances de l’Homme, du pouvoir, sur ses victoires militaires et défaites amoureuses.
Des aphorismes, des vérités de tout temps se révèlent au détour des phrases immortelles qui encore aujourd’hui résonnent ; constat cuisant de notre finitude et des stratagèmes que chaque homme et chaque génération d’Homme met en place pour s’étourdir et s’en détourner. De ces constats, l’homme qui arrive au bout de son propre chemin nous fait part. Il est malade, affligé mais animé et impérial en même temps. C’est ce que l’on sent dans le texte, c’est ce que l’on entend et voit incarné par l’acteur. Il convoque pour nous des pans d’Histoire, qui (malheureusement pour la guerre de Judée) résonnent si familièrement. Il convoque l’amour, son obsession d’être l’empereur de la paix.
Il se lave de sa vie, purge ses peines et expie tout. Il est le barde disparu d’un temps toujours présent.
Il est la force évocatrice du théâtre qui donne vie !
Une soirée pour danser avec un mort aussi vivant que nous.
crédit photo : Alejandro Guerrero
rédaction article : Bénédicte Six