Tranchants, actuels, « Les mots d’Electre » sont de ceux qui façonnent les destinées. Cette création contemporaine de la compagnie Hors du temps écrite par Sébastien Bizeau réussit à allier théâtre classique et mise en situation contemporaine. “Vérité” et catharsis du langage, haine à la mère et retour du frère exilé : sans l’ombre d’une hésitation, les transitions se font de l’antique au tragique de nos vies contemporaines dans lesquelles les mêmes histoires se rejouent avec en toile de fond nos dérives écologiques et politiques.
Propos habiles – loin d’être vides de sens comme ceux tenus par un Oreste fin orateur mais embourbé dans son jargon politique – tenus par cinq comédiens dont l’énergie est palpable malgré les quelques petites erreurs et trébuchements sur le texte. La musique flirte elle aussi entre « classique » et une playlist plus « moderne » (Dalida / Fauve) et participe de cette ambiance de revanche sur la vacuité de nos vies qui anime dès son entrée en scène la fougueuse Electre.
Tous les ingrédients d’une bonne soirée sont ici réunis, si ce n’est que peut-être la deuxième lecture ne soit tout à fait saillante pour qui ne connaitrait pas bien le personnage antique d’Electre ou la pièce de Jean Giraudoux (elle-même une réécriture du mythe).
Pour autant, la pièce se suffit à elle-même et reste un texte équilibré avec ses pointes tragi-comique. Une pièce qui s’intéresse à des sujets de notre temps et mène une réflexion qui est tout sauf anodine entre deux tours d’une présidentielle…
On salue cette belle lancée et souhaite pleins de belle choses à cette très sympathique compagnie !