Pauline Bayle, « révélation théâtrale » du Syndicat professionnel de la Critique 2018, revient avec l’Iliade et l’Odyssée (créés l’an dernier) sur la scène de la Scala Paris.
Dans cette adaptation, Pauline Bayle casse la chronologie de manière à rendre le récit de l’Odyssée vivant et dense, créant une sorte de flash-back à double tranchant. Double tranchant car toute la magie de ce montage tient dans le défi de ne pas perdre le jeune spectateur, susceptible de découvrir l’histoire d’Ulysse sur scène ou au contraire pouvant susciter l’intérêt du spectateur aguerri qui découvre ainsi une version déconstruite de l’épopée d’Ulysse.
Les cinq comédiens forment un chœur dans lequel se mêlent les genres et les personnages avec une fluidité qui crée un nouveau genre hybride. On sent que les rôles ont été attribués par caractère et non par critère d’apparence ou de sexe. Avec cet artifice, Pauline Bayle décloisonne encore plus le récit et rend la polyphonie du chœur intéressante.
La scène dépouillée de presque tout accessoires ne laisse pas d’autre choix que de s’imaginer et construire un monde autour de la parole. Tout s’enchaîne bien et Pauline Bayle prouve par cette adaptation un certain talent de conteur mais qui ne fait malheureusement pas le poids face à d’autres metteurs en scène devenus experts en l’art de créer un univers de théâtre avec peu tel Alexis Michalik.
En résulte que l’Odyssée de Pauline Bayle est une ode étonnante à l’un de nos mythes fondateurs : savamment revisité et interprété par cinq comédiens sérieux et virevoltants (Manon Chircen, Soufian Khalil ,Viktoria Kozlova, Mathilde Mery et Loïc Renard).
C’est un bon moment de théâtre dont je garde pourtant une impression mitigée. Pour moi, l’exploit annoncé autour de cette mise en scène n’a pas eu lieu.
Le mieux reste encore de s’en faire sa propre idée !
Crédit photo: Blandine Soulage Presse