Dimanche après-midi, on arrive presque en retard au théâtre du Rond-Point: salle comble. On navigue jusqu’à sa place dans une mer de cheveux blancs- pas très bon présage. Mais l’or et la paille, comédie de boulevard abordant avec allégresse le thème de l’argent et de son pesant en bonheur, finira par dérider les plus jeunes.
Géraldine et Thierry, jeune couple fauché, squattent l’appartement d’un ami. Appartement qu’ils dilapident à loisir en le vidant de tous meubles au fur et à mesure que les factures s’amoncèlent. Le jeune couple veut vivre la grande vie et ne recule pour cela devant aucun stratagème pour plumer le premier pigeon venu. Ces pigeons, Géraldine et Thierry les trouvent en un riche vendeur de tuyau et une veuve milliardaire. Mais la morale prévisible de l’histoire fait tôt ou tard surface : vivre riche mais malheureux n’est pas bien drôle.
La pièce a le mérite d’être bien écrite et si les rebondissements se laissent envisager, ils ne nous font pas moins rire. Car enfin, on finit par se souvenir en cherchant dans un coin obscurci de notre mémoire que les adultes ne sont rien de plus que de grands enfants, prêts à rigoler et à faire des batailles de polochons. On retient surtout que le rire que provoque l’or et la paille n’est pas nerveux mais bien salvateur : les gens rient à gorge déployée et pour le bonheur de tous- car il est contagieux. Faire rire les gens est un noble métier et l’on salue les acteurs qui n’ont pas peur de se couvrir de ridicule pour atteindre ce noble but. N’auraient-ils finalement pas plus de mérite que les autres, ces troublions du rire qui acceptent d’être comique à leurs dépens plutôt que de vouloir être noble en incarnant des rôles sérieux qui accablent parfois les spectateurs des vérités que la vie n’a de cesse de leur renvoyer ? A méditer.
En tous cas, cette pièce de boulevard remplie sa fonction à merveille : détendre pour un temps les parisiens stressés. Pour faire taire les critiques qui ont perdu leur âme d’enfant, cet article ne peut finir qu’en citant l’un des nombreux traits d’esprit qui tapissent les murs des toilettes: « ceux qui cherchent les causes métaphysiques du rire ne sont pas gais » (merci Voltaire)!
P.S: ne vous inquiétez pas: s’il l’on vous surprend à chantonner la chanson de la chicorée sous la douche, sachez que vous n’êtes pas seul!
-Bénédicte Six.