Je suis conquise par cette nouvelle mise en scène de Hervé Van der Meulen !
Découvert un peu plus tôt au même théâtre Montansier dans une ambitieuse mise en scène de l’œuvre de Rabelais, le metteur en scène s’attaque cette fois-ci à une pièce du répertoire Shakespearien très peu jouée en France : « Peines d’amour Perdues ».
Dans la veine d’un « songe d’une nuit d’été » cette pièce a quelque chose d’illogique, d’aérien et de burlesque à souhait. L’imaginaire, le fantasque, le droit à l’incohérence se trouvent ensemble convoqués dans cette histoire de royaume où l’approche des femmes est prohibée pour trois ans par le roi de Navarre. Mais voilà que pour régler un litige sur la souveraineté de l’Aquitaine, la fille du roi de France se présente à sa cour accompagnée de trois de ses suivantes. Le roi doit alors se résoudre à les recevoir. De là le début de leurs ennuis : incapable de s’y tenir, le roi et ses compagnons se tordront d’amour et chercheront à séduire leur élue.
Pièce légère, écrite à l’époque du Songe d’une nuit d’été, « Peines d’amour perdues » est une œuvre de pur divertissement qui allie cocasseries, joute oratoire et comedia dell’arte. Le jeu des rideaux instaure subtilement l’idée du voyeurisme et sert le propos des intrigues amoureuses. La mise en scène toute de bleus et de verts est très belle et les costumes d’époque fabuleux. Ils participent du voyage de l’esprit.
On est ailleurs, dans cet espace-temps imaginaire cohérent avec l’idée que l’on se fait de cette période. Les 16 comédiens débordent d’énergie et semblent s’amuser sur scène. C’est un régal !
Dans ce registre burlesque sans propos véritable autre que celui de faire rire, il faut bien avouer que Shakespeare brille aussi.
Une pièce pleine de mordant et visuellement ravissante !
Crédit photo : Photo Lot
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