“Saviez-vous que 70% de la communication est non verbale”? C’est la première chose que je dirai à quelqu’un qui aurait trouvé cette histoire “un peu tirée par les cheveux”. C’est vrai que la situation est légèrement absurde: deux amis réunis pour se parler et pour parler de quoi? de “ça” oui c’est bien, ça… mais après?
C’est que ce drame entre ami, cette rupture d’une amitié fondée sur une expérience difficile à verbaliser et presque de l’ordre de l’indicible est partagée par tant de gens que le sujet n’en est finalement pas si absurde. Dans ce texte, “pour un oui ou pour un non”, Nathalie Sarraute cherche à mettre des mots sur des blessures en sourdine, des soupirs et des accents plus porteurs de sens que les paroles elles-mêmes. Et le défi est de taille puisque c’est la parole comme seule action qui va devoir dénouer tout cela! Une fois l’intérêt du sujet bien cerné, il faut parler des acteurs et de la mise en scène: de la qualité on vous dit!
Je me retrouve souvent à dire d’un acteur “il fait toujours le même jeu, c’est lui que je vois sur scène et non son personnage” mais cette mise en scène vient prendre le contrepied de ce constat si souvent établi: et si le talent d’un metteur en scène tenait dans le fait de pressentir quel acteur, pour ce qu’il a en lui et qui l’habite, pourra au mieux mettre son jeu et son talent au service d’un personnage de théâtre? A mon sens, en faisant le choix de Nicolas Vaude et de Nicolas Briançon, Léonie Simaga prouve avoir eu cette sensibilité. Les acteurs incarnent parfaitement leurs personnages, leurs donnent de l’épaisseur, de la crédibilité et leurs insufflent la vie pour ce (trop) court moment de théâtre. Pour une fois j’ai pensé: c’est ça, c’est deux là sont parfaits dans ces rôles! Nicolas Vaude que j’avais tant aimé dans “le neveu de Rameau”, un poil tortueux et marginal est la pointure parfaite pour H1. Nicolas Briançon plus posé, plus social, plus “Philinte”que son ami vient équilibrer le jeu pour qu’on prenne cette étrange conversation avec le sérieux qu’elle mérite. Chacun d’eux sait aussi créer le rire d’un claquement de doigt, signe d’une grande maîtrise de leur jeu!
De plus, en montant la pièce dans un théâtre privé, Léonie Simaga a sûrement bénéficié de cette largesse de choix que la Comédie Française ne lui avait pas permise en 2008 puisque le choix des acteurs devait se faire dans la troupe. Un goût d’inachevé aujourd’hui comblé, je présume!
Un bon moment de théâtre donc, un peu trop court à mon goût mais qui plaira aux spectateurs prêts à se prêter au jeu des mots et des silences!