“Songe à la douceur” nous offre une plongée poignante et acidulée dans nos (dés)espoirs adulescents.
Qui d’entre nous n’aura pas ce petit pincement au coeur en repensant aux trop vives morsures des premiers sens uniques et des premières désillusions amoureuses ?
La mise en scène très enlevée de Justine Heynemann adaptée du roman de Clémentine Beauvais, lui-même inspiré du “Eugène Onéguine” de Pouchkine et Tchaïkovski, est menée tambour battant par une narratrice survoltée (Rachel Ariditi).
“Songe à la douceur” convoque nos souvenirs et autres réminiscences de l’insouciance sur le rythme de chansons électro pop. De très jolies compositions de Manuel Peskine essaiment ainsi le spectacle avec des airs épurés et entêtants. Benjamin Siksou, enfant chéri de la Nouvelle Star, habite le plateau de sa moue de bourreau des cœurs. Elisa Erka incarne avec force une Tatiana innocente devenant femme de caractère. Manika Auxire et Thomas Gendronneau sont parfaits dans le rôle du pendant d’adolescents enivrés et rayonnants.
On y croit, on se laisse porter par ces flash back pour suivre l’évolution de leurs amours à 10 ans d’intervalle avec ces paillettes qui ne cessent de pleuvoir sur le plateau.
De petits messages drôles ou touchants s’invitent : “la vie c’est ce qui arrive quand on est occupé à d’autres projets“, “parfois des souvenirs empêchent de se mettre tout nu” et s’impriment dans notre esprit quand la beauté du plateau et des chœurs stimulent nos sens.
Un petit calage chorégraphie reste encore à faire en ce jour de première : on a plusieurs fois eu peur de les voir chuter dans le fil d’un micro ou manquer de longueur de câble. Mais ce théâtre n’en est que plus vivant et plus frais !
Un joli clin d’œil doux amer au passage à l’âge adulte et une porte d’entrée sur des univers aux esthétiques plurielles, du théâtre à la comédie musicale. Parfait pour une soirée de théâtre-concert entre ami(e)s!
Bénédicte Six pour La Nouvelle Claque
Copyright : Cindy Doutres