Sur la scène du studio Hébertot, le Bateau pour Lipaï joue les prolongations jusqu’en janvier : un duo d’acteurs chevronnés s’y présente.
Dans une mise en scène sobre et efficace de Gill Galliot, voix claire, Bérangère Dautun virevolte sur la scène de son théâtre comme une équilibriste au-dessus des nuages bas de la vie terrestre. Imperturbable de gaité et d’impertinence, son personnage, Lidia, entraine petit à petit dans son sillon le rude et solitaire médecin-chef du sanatorium de Riga (interprété par son merveilleux compagnon de jeu Emmanuel Decharte, ancien directeur du théâtre 14).
Au détour d’un certain mois d’août 1967, la patiente d’artériosclérose et le médecin-chef s’apprivoisent en se croisant sous la pluie, à la pâtisserie ou au concert. A chaque rencontre leur vie s’illumine un peu plus, rapprochant leurs deux ilots de solitude à la dérive. Tous deux ont vécu, tous deux ont souffert et s’en ouvre prudemment à l’autre mais Lidia semble bien décidée à vivre encore d’autres aventures humaines et entraîne son congénère dans une nouvelle danse vers la vie. On assiste en 1h15 à l’éclosion de cet espoir avec autant d’attente et de fébrilité que les personnages eux-mêmes. L’évolution du personnage de Rodion tient de celle du papillon et Lidia, plus lunatique et étincelant, maintient jusqu’au dernier moment une once d’incertitude dans cette comédie romantique pourtant toute tracée.
Ce qui se passe sur scène est une affaire de résilience qui ne verse jamais dans le pathos et donne espoir en notre capacité à renaitre de nos blessures et à nous accepter les uns les autres avec celles-ci.
Un duo des plus émouvants ! A voir pour ressortir du théâtre avec le cœur plus rempli de tendresse que lorsqu’on y est entré !
rédaction article : Bénédicte Six
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