“Le monde est encore là mais lui il n’y est plus”. Le garçon d’Italie est d’abord une plongée dans un roman, le roman de Philippe Besson adapté par Mathieu Touzé qui joue le rôle de Luca dans la pièce. Roman à trois voix explorant le thème du suicide, du mystère et de l’homosexualité, le garçon d’Italie pose des questions en laissant beaucoup de réponses en suspens: qu’est-il arrivé à Luca, pourquoi a-t-il disparu, à qui allait sa fidélité, à Anna sa compagne (Estelle N’sendé) ou à son amant Léo (Yuming Hey)?
Une scène dépouillée, des jeux de lumières léchés et des passages parfois longs de musique italienne forment un cadre efficace. Les trois acteurs se succèdent pour délivrer leur histoire, leur récit. J’ai été frappée par leurs voix (et particulièrement par la voix caractéristique de Yuming Hey) : des voix posées, assurées, vibrantes. J’ai été frappée par leurs poses de modèle, car les trois acteurs posent souvent et récitent face à nous, quasi immobiles. Tous se frôlent mais se répondent très peu. L’histoire progresse un peu lentement car le parti pris de rester au plus près du texte en fait la matière principale, plaçant cette représentation entre la lecture et le théâtre.
Je reste de fait un peu frustrée du peu de dialogues entre les comédiens, j’aurais voulu voir plus de jeu à plusieurs… J’ai globalement été plus convaincue par les acteurs que par le texte. Je recommande vivement de suivre ces trois talents qui ont je pense, beaucoup de choses à jouer et à nous offrir sur un plateau; à suivre avec attention!