Candide ou l’optimisme – Théâtre de Poche Montparnasse

Dans un sobre décor de théâtre de marionnette qui laisse place à l’imagination, Candide pérégrine et parcourt le monde avec ses camarades Pangloss et Cunégonde. Comme le pantin Pinocchio qui veut devenir un homme, il subit à chaque aventure, les assauts de ceux-ci.

Conte initiatique par excellence, dont l’épopée est souvent réduite à sa maxime finale du « cultivons notre jardin », « Candide ou l’optimisme » est en réalité un récit truculent non sans rappeler le Gargantua de Rabelais.

« Les nez ont été fait d’une forme à porter des lunettes : aussi avons-nous des lunettes ». L’absurde et le burlesque s’en mêlent et loin d’être chastes, certaines scènes de violences sont quelque peu subversives… trash, pour le dire avec le vocabulaire d’aujourd’hui !

C’est que, depuis son exil à Ferney, Voltaire règle en 1759 ses comptes avec ses contemporains dans une langue et un esprit empreints de liberté. En effet, lors de sa rédaction, Candide est pour Voltaire une thèse à charge contre le philosophe Leibniz qui prônait le « principe de raison suffisante » et « l’harmonie préétablie » pour tout justifier d’un mal, ponctuel, qui serait infiniment compensé par un bien plus grand dans l’équilibre du monde créé par dieu.

Voltaire lui n’y croit pas et responsabilise l’Homme de ses actes. Bien que Candide se départisse petit à petit de son innocence et que son optimiste se teinte de pragmatisme, il n’en devient pas moins fataliste. Voltaire nous rappelle ainsi l’importance de l’esprit critique.

« Cultivons notre jardin », travaillons au monde dans la camaraderie, restons ouverts et remettons nos acquis en question. Plongés comme nous le sommes dans une époque malmenée par l’instabilité politique et une forme de paralysie démocratique, l’esprit du siècle des lumières continue d’éclairer un siècle dans lequel l’homme se fait de plus en plus loup…

Les trois acteurs Charles Templon, Sylvain Katan et Cassandre Vittu de Kerraoul nous partagent généreusement tous ces rappels voltairiens, avec farce, malice et complicité. La mise en scène rythmée et efficace de Didier Long, dans cette économie de décor, ferait mériter à la pièce d’être jouée l’été sur des tréteaux, partagée au plus grand nombre sous un ciel étoilé !

Rédaction article : Bénédicte Six
Crédit photo : Pascal Gely

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