Le théâtre, comme la littérature, a cette capacité de pouvoir tout dire et tout inventer. Pas étonnant qu’une pièce aussi rafraîchissante que “Darius” reparte sur les routes pour un 3ème Avignon !
Avec beaucoup de foi en notre capacité de régénérescence, Jean-Benoît Patricot fait se rencontrer des humanités à la dérive dans une écriture foisonnante et vivide. Dans cette histoire vraiment originale et étonnante, le tissu de la relation épistolaire entre la mère de Darius, jeune homme de 19 ans polyhandicapé, et Paul le « créateur de senteurs » s’étoffe, s’épaissit jusqu’à leur rendre leur vie.
Déjà compagnons de théâtre sur « Le fantôme et Mrs Muir » en 2019, Catherine Aymerie et François Cognard ont réitéré avec un premier Avignon pour « Darius » en 2022 puis un second en 2023 (et le 3eme cet été). Dans la mise en scène sobre et évocatrice d’André Nerman, deux espaces intérieurs, deux bureaux d’écriture où se jouent l’intime et l’espoir sont mis côte à côte.
Sans jamais douter du dénouement final pour l’enfant malade (qui ne prendra jamais la parole directement), on découvre à quel point l’aura de cet être lumineux va changer le cours de la vie des protagonistes qui tentent vainement d’apaiser son corps et son cœur… Alors que c’est eux-mêmes qu’ils finissent par sauver de leur paralysie !
De « Darius », on ressort comme revigoré : « à plusieurs rien d’insurmontable » semble nous dire Jean-Benoît Patricot, l’autre est toujours une consolation possible.
Voilà le théâtre comme il devrait toujours se présenter : humaniste, intelligent, délicat et surprenant ! Un vrai moment de réjouissance, baume sur nos vies remplies d’une allégresse dont on ne sait même plus respirer l’odeur !
Cela donnerait presque envie de renouer pour soi-même avec l’art de l’échange épistolaire… En attendant de mettre en application cette bonne résolution, reste à poursuivre la magie en allez voir Catherine Aymerie à l’Essaïon dans « le Chef-d’œuvre inconnu » adapté de Balzac.
Rédaction article : Bénédicte Six
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