Dialogue aux Enfers Machiavel Montesquieu- Théâtre du Poche-Montparnasse

Un pamphlet interdit à sa publication en 1864 mettant en scène un dialogue imaginaire entre Machiavel et Montesquieu. L’idéal démocratique contre le despotisme. Deux penseurs importants et deux acteurs monstrueusement habiles pour les interpréter : Pierre Santini et Hervé Briaux. Pour moi, tous les éléments se trouvaient réunis pour offrir au spectateur, aguerris ou non, un moment de réflexion et de joute philosophique.

J’aime énormément ce genre théâtre, je le trouve intelligent, engagé et ludique à la fois. Déjà sur le même format, la pièce Voltaire Rousseau m’avait attirée dans la salle du Poche-Montparnasse (où j’ai aussi vu le très bon Hervé Briaux dans son seul-en-scène Tertullien). Ce genre de spectacle qui mêle l’art de la scène et le débat philosophique me plaît beaucoup et la pièce est admirablement jouée. Néanmoins, je me permettrais cette fois-ci de bouder un peu le texte pour me faire l’avocat du diable.

En effet, le rapport de force entre les deux antagonistes est trop déséquilibré. Au lieu d’un débat de pair à pair, l’argument de la pièce donne surtout la parole à Machiavel. Montesquieu écoute, interroge, esquive, s’impatiente, s’indigne mais ne présente pas en profondeur ses idées. Tout aussi intéressant et glaçant que soit le projet présenté par Machiavel, le manque de contrepoids dans ce dialogue imaginaire finit par rendre la pièce bancale. C’est dommage car j’ai d’abord attendu un renversement de situation, un moment où Montesquieu prendrait la parole pour déconstruire l’argumentaire de son homologue. Mais il ne la prend pas et l’apparente vraisemblance du propos de Machiavel finit par ne plus avoir de sens tant les “si” sont légions.

N’ayant pas lu le texte original, je ne sais pas si ce déséquilibre est inhérent au texte. Néanmoins, les analyses sont fines et importantes à connaître. Cette pièce fait du bien car le théâtre a cela de pédagogue qu’il rend les arguments des livres bien vivants!

Une belle prestation!

 

crédit photo: Bénédicte Six.

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