Je m’appelle Asher Lev – Théâtre des Béliers Parisiens


Après un passage à succès aux Béliers lors des éditions 2022 et 2023 du OFF d’Avignon, « Je m’appelle Asher Lev » arrive à Paris. En ce samedi soir (2ème jour de représentation), la salle parisienne est remplie à craquer pour découvrir l’adaptation française par Hannah-Jazz de la pièce de Aaron Posner tirée du roman éponyme de Chaïm Potok, écrivain et rabbin américain. Le roman raconte le difficile épanouissement d’un jeune peintre prodige de confession juive hassidique.

« En tant qu’artiste, tu n’es responsable de rien, ni de personne, si ce n’est de toi et de ta vérité. »

« Je m’appelle Asher Lev » est une pièce bien rythmée dont on ne perd pas une miette, bien qu’elle fasse parfois usage de mots qui échapperont à un spectateur non avisé des pratiques religieuses des juifs orthodoxes (pour s’immerger et en savoir plus, je recommande la très bonne mini-série « Unorthodox » sur Netflix !!).

The Brooklyn Crucifixion by Chaim Potok

Dans le Brooklyn des années 1950, on suit pendant 1h30 le parcours de ce jeune Asher, né avec un don pour le dessin et qui découvre petit à petit les conflits que son talent naturel déclenche autour de lui dans son entourage mais aussi en lui, en ce que son art grandissant interfère avec la tradition judaïque dans laquelle il est élevé. On explore la tension entre religion et art, permanente, ainsi que le tiraillement d’un individu face à sa communauté et sa religion… Jusqu’à la résolution par l’art de ces antagonismes. C’est aussi parce que sa religion l’habite sincèrement et qu’il l’explore avec autant de foi que sa pratique artistique, que cette résolution affleurera, surprenante. Asher sait qu’en exprimant ainsi son univers écartelé et sa souffrance, il ne pourra revenir en arrière et ne manquera pas de blesser ses parents !

A noter les très belles interprétations par Stéphanie Caillol, Guillaume Bouchède et Martin Karmann des personnages de cette famille mère-père-fils complexe, en pleine déconstruction. Au-delà du prisme art/religion qui fait le suc de cette histoire, chacun pourra tisser un lien intime avec les moments de fractures familiales et s’interroger sur la puissance de l’amour filial malgré les incompréhensions. Sans oublier le sacrifice, par la mère d’Ashev, de ses besoins pour maintenir coûte que coûte le lien dans sa famille.

A voir pour être dépaysé et questionné !

rédaction article : Bénédicte Six
crédit photo : Alejandro Guerrero

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