Les Diaboliques – Théâtre de Poche-Montparnasse

Intenter un procès à un auteur pour « outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs ».

Jusqu’en 1994 (et l’entrée en vigueur d’un nouveau code pénal), cela était possible et c’est le sort que fut réservé à l’ouvrage du dandy énigmatique Jules Barbey d’Aurevilly, auteur des fameuses « Diaboliques ».

On dit de cet ouvrage « qu’il fait partie de la littérature du 19eme estimée mais oubliée ». De ces histoires, je garde moi-même un vague souvenir d’écoute sous forme de livre audio et les redécouvrir sur scène se présentait à moi comme un petit péché tant l’affiche Christophe Barbier/Nicolas Briançon avait de quoi allécher. Pari réussi !

Dans un récit à quatre voix les acteurs (Gabriel Le Doze, Magali Lange, Krystoff Fluder, Reynold de Guenyveau) nous font tourbillonner dans la lice de ces femmes qui plongent ceux qui les convoitent dans le chaos. Sous couvert d’alerter la société Barbey d’Aurevilly donne de mauvaises idées aux débauchés et fige sur le papier ces histoires de luxure dont il aurait lui-même reçu le récit véridique !

Choix est fait de n’en garder que quatre sur les six que compte l’ouvrage : « Le Bonheur dans le crime », « Le Rideau cramoisi », « La Vengeance d’une femme » et « Un dîner d’athées ». Dans ces histoires, le spectacle du « méchant heureux » horrifiait les garants de la « morale publique » (ou la moraline de Nietzsche plus tard).

L’ouverture sur la tribune du procès imaginée par Christophe Barbier permet le passage d’une histoire à l’autre avec fluidité, le tout drapé dans un élégant décor…. Et l’imagination fait le reste !

Dans sa mise en scène, Nicolas Briançon trouve la manière de porter la littérature au plateau pour lui donner corps. On reste pendu aux lèvres des acteurs complices et malicieux.

De la noirceur sortira aussi l’humour. Une soirée subversive à souhait ! Si on en doutait encore, le Poche-Montparnasse prouve une fois encore sa capacité à proposer des petites pépites de théâtre en lien avec la littérature !

Rédaction article : Bénédicte Six

crédit photos : © Sébastien Toubon

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