La Vieille Fille- Théâtre du Montansier

Monter « La vieille fille » sur scène : auriez-vous parié qu’un Balzac s’apprécierait au théâtre ?

Cette fable, tirée du recueil de « la Comédie Humaine », raconte la vie de Rose Cormon, encore vielle fille à 40 ans dans la ville d’Alençon et ne désirant rien d’autre que de s’établir dans les bras d’un mari. Oui mais voilà : mademoiselle Cormon a de l’argent et de l’embonpoint : mauvais ménage pour se faire aimer pour soi-même…

Ayant d’abord désiré se marier à un aristocrate pour monter dans la société, Rose se résigne bientôt à trouver un mari quoi qu’il fut pourvu qu’il l’aimât un peu. Grosse et ingénue, Rose finira par tomber dans les griffes d’un rapace, non sans quelques péripéties.

La metteure en scène Camille de La Guillonnière a fait preuve de génie et d’inventivité pour transformer ce récit en une chorale polyphonique et amusante. Les cinq comédiens content ainsi l’histoire à plusieurs voix, comme l’on raconterait une blague ou des ragots dans un bistro, chacun y allant de son commentaire et jouant à tour à tour le rôle des différents protagonistes de cette histoire.

« En se triplant, son menton avait diminué la longueur du col et gêné le port de la tête. Elle n’avait pas de rides, mais des plis. » Implacable et saillante, la satire de Balzac fait rire la salle, qui ne peut qu’être saisie par le tableau de la vie de province et l’analyse des rapports entre statut social, intérêts financiers et influence dans la vie de la « cité » que fait Balzac. Que de choses encore valables aujourd’hui !

L’actrice Clara Mayer, qui prend le rôle de la vieille fille, est parfaite en « bonne grosse main pleine d’écus ». Jacques Hadjaje, Frédéric Lapinsonnière, Adrien Noblet et Aude Pons complètent la distribution, apportant chacun de l’énergie et du mordant à cette fable, avec une complicité palpable.

Avec peu de choses sur scène : une rampe, un fauteuil roulant, un banc de square, des parapluies et quelques accessoires, la troupe Le Temps est Incertain Mais on joue quand même incarne avec brio ce drolatique mais cruel portrait.

un excellent moment !

Crédit photo : Bénédicte Six

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