Le jeu de l’amour et du hasard- Théâtre de la Porte Saint-Martin

Deux futurs, promis l’un à l’autre et inquiets pour leur mariage. Dotés de pères compréhensifs, les deux mettent en place le stratagème de se travestir en valet pour pouvoir s’observer l’un l’autre… Et se rencontrent ainsi sans le savoir dans l’erreur de leur fausse position sociale. S’aimeront-ils, ainsi relégués au rang de valet ? Marivaudage s’il en est un, « Le jeu de l’amour et du hasard » est un jeu de dupe et une comédie sociale.

Après les femmes savantes de Molière, Catherine Hiegel nous offre une mise en scène encore une fois classique et esthétique dont elle a le secret. C’est beau, les déplacements bien chorégraphiés et les comédiens bien dirigés sonnent clair dans la finesse et le rire. Les costumes (de Renato Bianchi) et le décor (Goury) sont magnifiques. Dans cette belle partition, les femmes dominent à nouveau- comme dans les femmes savantes.

En effet, dans le couple des bourgeois, Silvia (Clotilde Hesme) paraît capricieuse et têtue et malmène son pauvre prétendant. Dorante, dindon de la farce, est dupé jusqu’à la fin. Tiraillé entre devoir et amour, il est le personnage tragique de cette comédie ; rôle difficile que Nicolas Maury investi, tantôt gauche tantôt impatient. Silvia, elle, jubile, badine, soupire, réclame, doute, ordonne… Un vrai petit tyran dont le trait forcé juste ce qu’il faut devient bien amusant.

Du côté des valets, Vincent Dedienne en revanche n’est pas exceptionnel. Il est moins drôle dans ce rôle que lorsqu’il parle en son nom à la télévision. Il n’incarne pas son rôle de valet avec toute la force et l’agilité de sa compère Laure Calamy qui, elle, rayonne. C’est Lisette la reine de cette pièce et Laure Calamy prend un plaisir non dissimulé à la jouer et à nous faire rire. Nous sommes grâce à elle dans de la vraie comédie joyeuse et drôle qui n’a pas peur de la farce et du ridicule.Sans oublier les personnages secondaires : Alain Pralon dans le rôle du père attendri pardonnant aux jeunes gens tous leurs caprices et le frère (Cyrille Thouvenin) qui vient rajouter juste ce qu’il faut de drôlerie à la situation.

Tout cela est bien calme et bien gentil, j’en conviens. Mais toujours soucieuse de l’accessibilité du théâtre au jeune public (surtout pour les classiques), j’ai tendance à penser que si ces têtes d’affiche talentueuses (je répète: ta-len-tu-eu-ses), plus connues à la télévision ou au cinéma que sur scène, permettent d’amener au théâtre des générations plutôt friandes de série… Je dis « hourra » !

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