Nous sommes en 1914, juste avant que sonne le glas du premier conflit mondial : 13 lavandières entament leur labeur et s’exhortent à tenir en se racontant leur vie.
Ces « paroles de femmes de 1914 » forment une pièce chorale qui, sous couvert de bonhomie, dépeint une multitude de situations de précarité observables encore aujourd’hui parmi les plus démunies. Car de la dépendance économique à un patron et/ou un mari nait d’autres formes de servitude plus perverses.
Au lavoir, toutes ont une histoire, toute se passionnent à parler, réagir, argumenter. Celle qui s’en prend le plus aux autres est, on le découvre, sans doute aussi celle qui a le plus souffert (mention spéciale dans ce rôle à Christine Jolly, tour à tour détestable et objet de commisération). On assiste à des scènes qui nous parlent du respect de la hiérarchie des âges d’un côté et de la protection de l’innocence de l’autre. De la jalousie et de la sororité, de la résignation et de révolte. De la différence de culture, du handicap. De tous ces échanges, au milieu des babillages et des querelles, émergent des points saillants qui dessinent l’horizon d’une pensée féministe. Elles en ont assez !
Comme le dit si bien Frédérique Lazarini qui signe la mise en scène de la pièce : « Re-créer Le Lavoir aujourd’hui et spécialement au Festival Off d’Avignon – lieu d’un si immense rassemblement d’auditoires – c’est une façon de retourner aux origines, de faire revivre les âmes de nos grands et arrière-arrière-grands-mères lorsque les lavoirs, les cuisines, les hammams étaient, malgré le travail si dur, si peu considéré, des lieux de rassemblement, d’entr’aide, de partage, de secrets, de confidences et de magnifique convivialité. »
Le blanc de la mise en scène signe la beauté du pur élan des interprètes et de cette convivialité partagée avec nous né un témoignage en l’honneur de la mémoire populaire.
On passe au Chien qui fume un très bon moment !
A voir à 21h15 au Théâtre du chien qui fume
Rédaction article : Bénédicte Six
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