Quelle belle entreprise de voir un acteur rendre hommage à Jean Vilar !
Cette pièce- lecture débute comme si l’on s’invitait en douce dans un musée : à jardin un projecteur sur lequel défilent les notes prises par Jean Vilar, au milieu Emmanuel Dechartre sur sa table dans une presque lecture et à cour quelques magnifiques costumes de scènes prêtés par la maison Jean Vilar d’Avignon. L’ambiance est posée : il est question de rendre mémoire.
Pendant 1h10, Emmanuel Dechartre nous invite avec tendresse à découvrir ou redécouvrir Jean Vilar à travers ses carnets dès 1952, année historique de de sa prise de fonction en tant que directeur du TNP. Problèmes d’intendance et administratifs, relations difficiles avec la presse, tumulte du jeu et des répétitions, tracasseries du pouvoir : voilà le lot quotidien du directeur du TNP et du festival d’Avignon. On découvre Jean Vilar de l’intérieur dans des notes jamais dénuées d’humour qui rappellent à notre mémoire le grand Gérard Philippe ou Maria Casarès. On a de la peine avec lui tant la difficile gestion des contingences et des intrigues de ce monde semblent obscurcir l’ouvrage d’ordre publique qu’il accomplit sans relâche.
On sent l’émotion d’Emmanuel Dechartre à donner voix à ce Memento. Seul bémol dans la mise en scène de Jean-Claude Idée : les notes projetées ne correspondent pas toujours à ce qui est énoncé, on perd alors le fil et bien que participant à l’ambiance le projecteur crée plus de nuisance qu’autre chose.
Personnage fort et incontournable dans l’histoire du théâtre français, ce petit spectacle est l’occasion de s’approcher de l’homme derrière la légende et de toucher du doigt une partie de ses réflexions d’homme engagé et d’artiste. Un texte combatif qui donne malgré le poids de la tâche l’envie de voir vivre encore longtemps après lui ce théâtre du peuple. Un très bon moment!
crédit photo : LOT.