Adapté du roman éponyme « le sourire au pied de l’échelle » de Henri Miller, cette mise en scène de Bénédicte Nécaille donne à Denis Lavant la partition d’un clown étrangement triste et découragé par son succès. Auguste est adulé mais ne veut plus qu’on l’applaudisse et s’enfuit, errant un temps avant de réintégrer un autre cirque, engagé comme simple quidam anonyme cette fois. Mais voilà que le clown Antoine tombe malade et qu’Auguste éprouve le dangereux désir de le remplacer pour un soir, affublé et grimé comme Antoine.
Sous couvert de la bizarrerie d’Auguste, le texte égraine quelques thèmes sur lesquels il est intéressant de s’arrêter : le fait de devenir et être soi, le rapport à la célébrité, la vérité du talent et son essence déliée du nom de l’artiste auquel il s’attache. En un sens, ce seul en scène nous parle en filigrane des questionnements de l’artiste et peut-être de Denis Lavant lui-même.
La pleine présence de Denis Lavant sur scène est un fait, et son aura incontestable. Ce visage buriné qui ne correspond pas à cette voix douce et claire compose un personnage étrange et fantasque. Le jeu de lumière et les quelques éléments de décor (pensés par Ivan Morane) suggèrent l’atmosphère d’un cirque. Malgré un début un peu laborieux voire décousu, la pièce trouve son rythme et l’histoire son propos en milieu de spectacle. J’ai été entraîné sur la fin par l’étrange musique jouée par ce clown triste aux questionnements vifs et véritables.
Un moment éthéré qui prend plus son sens pour l’immense artiste qui l’interprète que pour le rôle en lui-même. Une agréable soirée!