Le voyage de Monsieur Perrichon – Théâtre Artistic Athévains

L’indétrônable « Voyage de monsieur Perrichon » : étudié au collège ou découvert lors d’une première sortie théâtrale… On a tous plus ou moins un souvenir écolier de ce cher Perrichon ! Pour moi : découvert à la Comédie-Française en 2008 avec Pierre Vial et Madeleine Marion dans les rôles de Monsieur et Madame, un souvenir inextinguible…

La version 2025 proposée au Théâtre Artistic Athévains n’a pas à rougir de cette comparaison : tout n’y est que gaîté et esprit de compagnonnage au sein de cette famille d’acteurs qui se retrouvent régulièrement sous la direction de Frédérique – ou d’Anne-Marie – Lazarini (voir les articles sur « l’Os à Moelle » et « Le Lavoir » pour Avignon 2024 ou encore ceux sur « Un visiteur inattendu » et « La Mégère Apprivoisée » par le collectif des Athévains en 2022 et 2020).

De là se dégage d’entrée de jeu une joie palpable au plateau où tous se moquent gentiment de ce cher Perrichon, dont le potentiel comique offre un rôle succulent à Cédric Colas et un pendant non moins jubilatoire à Emmanuelle Galabru en Madame Perrichon.

Nous sommes au 19ème siècle de Labiche, présentés à une famille bourgeoise qui a les moyens de s’adonner à cette nouvelle lubie rendue possible par le développement de train : le « voyage touristique ». Car si les aventures des Perrichon amusent autant, c’est aussi parce qu’Eugène Labiche a su se saisir de cette nouveauté pour décrire la réalité sociale de la bourgeoise de son temps. Parti en voyage pour la première fois avec sa femme et sa fille Henriette, un peu gauche, Monsieur Perrichon pérégrine à Chamonix, suivi inopinément par deux jeunes prétendants qui se livrent à une lutte pour plaire au père…. Et emporter la fille !

Vaudeville et comédie de mœurs vont bon train : s’ensuivent, à Chamonix puis de retour à Paris des péripéties dans lesquelles les deux jeunes gens, Armand et Daniel, poursuivent deux stratégies différentes pour décrocher le mariage… Jusqu’à ce dénouement final qui donnera raison à l’un (et une bonne leçon aux autres). Les apartés ajoutent à cette histoire un grain de fantaisie divertissant.

Malgré tout ses défauts, la metteure en scène Frédérique Lazarini parle avec beaucoup de tendresse du personnage principal en ce qu’il effectue lui aussi un “voyage” et c’est à mon avis cela, qu’il faudra retenir de cette mise en scène. La mise en lumière du cheminement de ce personnage-type du bourgeois vaniteux vers la reconnaissance pour autrui et l’abandon de son narcissisme burlesque.

La morale est sauve après tout : au salut, c’est la naissance d’un nouveau Perrichon qu’on applaudit… sourire aux lèvres !

 

Crédit photo : droits réservés
Rédaction article : Bénédicte Six

 

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