Le prince Mychkine rentre après plusieurs années de traitement en Suisse dans sa Russie natale. Sans véritable plan, il rencontre dans le train Rogojine qui lui parle de sa nouvelle situation et de son amour pour Nastassia Philippovna. En arrivant, le prince doux comme un agneau fait la rencontre d’une haute société russe qui ne le comprend que peu, lui si franc et si bon. De ce décalage naîtront milles péripéties qui feront in fine son malheur.
Pour un auteur russe, il y a presque plus d’actions qu’il n’en faudrait ! La première partie du spectacle jusqu’à l’anniversaire de Nastassia Philippovna est vraiment excellente. Tout est si beau, si clair qu’on passe un instant d’émerveillement ! Dans le rôle de l’idiot, Arnaud Denis adopte le ton juste, basculant entre ingénuité enfantine et paroles philosophes, dévoilant une palette de jeu pleine de candeur qui crée de la sympathie et du respect pour le personnage.
Dans les rôles des deux généraux Epantchine et Ivolguine, Daniel-Jean Colloredo est exquis. Général vénal aux mœurs légères puis général à la retraite devenu un peu fou, tout lui va, il s’amuse et nous aussi ! Je retiendrai d’ailleurs l’histoire du bichon qui, ainsi racontée, est vraiment drôle! Avec sa gestuelle, Fabrice Scott dans le rôle de Ganiavolguine a un petit air d’Eric Ruf fort plaisant. Du côté des actrices, j’ai un peu plus de réserve. Aglaé semble tempêter à tout va et Nastassia en fait parfois trop.
Mais ce « trop » se ressent surtout dans la seconde partie où s’enchaînent une foultitude de petites scènes qui peinent à nous mener jusqu’au dénouement. Mais comment s’attaquer au texte de Fiodor Dostoïevski (environ 800 pages) sans essuyer quelques longueurs ? De là surtout une deuxième partie étirée. On notera cependant les très beaux costumes qui, en plus de nous en mettre plein les mirettes, participent à créer une atmosphère de débauche et de démesure digne d’une Traviata à la russe.
Découverte avec le portrait de Dorian Gray, la compagnie Thomas Le Douarec continue de m’impressionner. C’est une troupe talentueuse qui propose une belle (mais longue) interprétation du roman du grand Dostoïevski qui mérite qu’on la voie !
Crédit photo: photo LOT.