Macbeth (The Notes) dévoile les coulisses et les rouages de la création d’un spectacle (ici fictif). L’idée d’aller à la rencontre du metteur en scène comme « personnage » m’a tout de suite conquise : dans ce rôle, David Ayala tient la scène avec panache durant 1h25.
Lorsque la séance de notes commence : panique ! Tout est en cours de création alors que tout devrait déjà être au cordeau. Le metteur en scène impose alors une séance de notes ou tout le monde y passe.
L’acteur qui pique du nez, les roulettes qui grincent ou encore l’acteur qui comme le coyote du cartoon doit « s’engouffrer dans le tunnel de l’imaginaire » … Avec toutes ces anecdotes, Dan Jemmett et David Ayala ont réussit à dire avec un humour mêlé de bienveillance le travail compliqué de l’esprit qui cherche à tâtons à engendrer une pièce et à se faire comprendre.
Pressé, nerveux, loquace, pleins d’idées et de mots, le metteur en scène se donne corps et âme. Quelques tirades sont même jouées (on note le travail soigné sur la lumière) : Ayala devient inquiétant, tempétueux et presque sanguinaire puis resurgit le metteur en scène souvent confus. C’est un vrai tourbillon qui met à contribution les acteurs, techniciens et l’équipe artistique imaginaire pour tenter d’expliquer Shakespeare et son empire sur les gens de théâtre.
Cela donne parfois des phrases absurdes et marquantes à la fois : « ton corps extérieur ce n’est pas mon boulot » ou « dans ce théâtre de la distorsion, ce que nous cherchons c’est de faire un Macbeth de moins ». Mille et une trouvailles s’enchaînent ainsi dans le texte et le jeu.
A condition de rester attentif, on pourrait presque suivre le cheminement de Macbeth sans l’avoir vue car par de petits indices, qui semblent être d’innocents rappels pour les acteurs, David Ayala nous explique ce qui se joue à chaque étape et nous accompagne dans ses notes. Il y a d’ailleurs quelque chose du travail d’orfèvre à avoir imaginé tous ces détails d’une mise en scène au demeurant imaginaire.
Autre signe de générosité : dans la configuration de la petite salle du Lucernaire, David Ayala réussit à s’adresser à des camarades imaginaires sans prendre à parti un spectateur précis. Le quatrième mur tient et nous permet de rire sans gêne- car certains passages sont véritablement drôles. C’est un choix brillant que de conserver cette sorte de distance.
Le tout est une performance d’acteur incontestable, un ovni qui rend hommage à ce qui se joue loin des yeux du spectateur.
La scène finale- que je ne dévoilerai pas- est le paroxysme de ce travail de créateur qui prend vie.
Une pièce de belle facture !
Crédit photo : © MACBETH (THE NOTES) D’apres Macbeth de William Shakespeare, conception et adaptation Dan Jemmett et David Ayala, mise en scene Dan Jemmett, Collaboratrice artistique Juliette Mouchonnat, Regie generale Thierry Ganivenq, Espace Jean Legendre de Compiegne le 21 janvier 2014.Avec : David Ayala (photo by Patrick Berger / ArtComArt)