Je suis montée au paradis -comprendre dernier étage du Lucernaire- sans savoir où je mettais les pieds… Et j’ai atterri dans l’enfer d’une salle de classe ! Face aux spectateurs, Madame Marguerite interprétée par Stéphanie Bataille se démène pour apprendre à ses élèves les mathématiques, la biologie et le fonctionnement de la langue française.
Peu orthodoxe dans ses méthodes, Madame Marguerite s’installe en maître absolu qui ne jure que par l’obéissance. Parfois pédagogue, parfois emportée ou grossière, Madame Marguerite a un regard de feu… Ou de folle. C’est un plein exercice de seul en scène où Stéphanie Bataille paraît tantôt névrosée tantôt au bord du gouffre ou du moins plus tout à fait maître d’elle-même lorsqu’elle fait les gros yeux et se renfrogne au moindre bruit. Dans cette danse effrénée de mots et de leçons parfois décousues, le texte se déroule et je peine à saisir le propos, ce qui se cache derrière ces mots. N’ayant pas lu les critiques pour glisser dans la pièce sans à priori, je m’ennuie et piétine un peu sur mon siège.
Ce n’est en vérité qu’à la fin des applaudissements, lorsque l’actrice explique dans un aparté que le texte de Roberto Athayde fut écrit en contestation de la dictature militaire brésilienne dans les années 70 que tout s’éclaire. Madame Marguerite c’est l’autoritarisme d’hier mais c’est aussi la chef névrosée qui se sent mieux en rabaissant les autres. C’est la dictature, bien sûr, mais aussi tous ces gens parasitaires près à nous manipuler pour obtenir le pouvoir sur nous et le pouvoir pour eux.
Une leçon bien plus fine qu’elle n’en a l’air, finalement !