Modi- Théâtre de l’Atelier

C’est l’histoire d’un peintre italien à Paris au début du 20ème siècle, l’histoire d’Amedeo Modigliani dans un contexte de montée de l’antisémitisme et de la première guerre mondiale. Le spectateur suit pendant 1h40 un peintre Modi tuberculeux, alcoolique et infidèle sauf à son art et son cercle intime : sa femme Jeanne, sa belle-mère et son marchand d’art.

Pour le théâtre de l’Atelier dont la récente programmation pêche un peu, la distribution de Modi est un argument de poids : Stéphane Guillon, Sarah Basiani, Didier Brice et Geneviève Casile ont de quoi réconcilier tous les goûts et toutes les générations ! Mais voilà : dans le rôle principal, Stéphane Guillon est aussi exécrable et provocateur que lorsqu’il fait ses propres satires : c’et lui-même que l’on devine dans ce rôle de peintre ombrageux, querelleur et arrogant. La pièce raconte une histoire, certes, mais ne crée pas d’émotions, et à peu de choses près c’est un peu comme le film « Cézanne » ou Paul et son ami Zola passent leur temps à se quereller. C’est d’ailleurs bien à regret car le reste de la distribution est impeccable. Geneviève Casile, noble représentante d’une génération et d’un port de tête en voie de disparition campe à merveille dans les souliers de la belle mère outrée par l’ours Modigliani, désapprouvant cette bohème mais pas moins tendre avec sa fille Jeanne. Dans le même registre de pièce parlant d’artistes, son interprétation dans Alma Mahler il n’y a pas si longtemps l’avait mise bien plus en valeur : dialogues mieux ciselés, plus de liberté de jeu pour cette grande dame. On peut tout de même retenir la scène jubilatoire de joute verbale entre Modi et la mère de Jeanne, qui fait sourire tout le public.

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Jeanne, l’amante, est interprétée par une Sarah Basiani toujours aussi resplendissante depuis sa déclaration d’amour dans « lettre d’une inconnue » mais qui reste ici spectatrice : son rôle, lui aussi, aurait pu être enrichi. Malmenés par Modi, Jeanne et le marchand d’art Léopold Zborowski, interprété par le très bon Didier Brice, restent cois, cèdent tout au génie sans effort de dialogue : tout le monde observe le maître faire de la mauvaise foi.

Finalement, et malgré un décor et une mise en scène agréables, c’est peut-être la pièce qui fait défaut à ses acteurs : les rôles ne sont pas à la hauteur des interprètes qui ont tous démontrés par leur passé théâtral que leur talent peut aller bien au-delà de ce que Modi laisse entrevoir ! J’espère les retrouver sur scène en de meilleurs circonstances !

 

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