Sur le papier, Madame Zola se présentait comme une pièce que j’aurais dû adorer :
A l’occasion de l’intronisation des cendres de son mari au Panthéon, Alexandrine Zola (Catherine Arditi) est prise de nostalgie et les souvenirs de sa vie avec l’écrivain remontent. Recevant son pharmacien chez elle (Pierre Forrest), Madame Zola se laissera de plus en plus aller aux confidences face à un homme qui devient peu à peu son ami. Alexandrine campe la figure d’un tempérament autoritaire face au plus affable et généreux des hommes. Autour de cette tension du souvenir s’ajoutera la peine de cœur du pharmacien.
Que dire ?
Pierre Forest : cette bonhomie, cette voix caverneuse qui le distingue du commun et Catherine Arditi tout en finesse et en puissance sont ici deux acteurs capables du meilleur mais happés par un texte qui les desserts.
Car « Madame Zola » n’est pas sans rappeler d’autres scénarios : Modi, Rouge, Signé Dumas ou encore Alma Mahler qui proposait déjà de s’intéresser à l’épouse plutôt qu’à l’homme. Les pièces sur les peintres et les auteurs sont légions. Malheureusement la pièce d’Annick Le Goff ne fait pas le poids : ce mélange d’intrigues entre drame personnel et débuts vacillants de la psychanalyse ne fonctionne pas.
Certes, la relation qui s’installe entre les deux protagonistes est noble, certes les costumes et le décor figurant un intérieur bourgeois du début 20ème sont beaux, évocateurs. Certes l’intrigue est légère pour parler des combats de Zola et de sa femme, les rappels historiques ne sont pas inutiles, l’humour efficace bien que parfois un peu convenu.
Mais quelque chose ne prend pas. Il y a comme un manque de « sincérité » dans cette histoire trop racontée et trop “construite” pour laisser libre au cours au talent des comédiens. Qui sait, peut-être y ont-ils trouvé eux-même un certain confort… ?
La pièce n’est pas mauvaise en soi mais trop gentille et je ressors dubitative face à ces deux immenses acteurs en sous-emploi sur un gros air de déjà vu… Une déception !
Crédit photo : J.Stey