Nénesse- Théâtre Déjazet

Nénesse, « farce contemporaine » écrite par Aziz Chouaki, met en scène quatre personnages aux stricts antipodes. Les déclassés, les mal tournés, les fraîchement débarqués se retrouvent à cohabiter. Il y a d’abord Nénesse : personnage très grossier tout de cuir vêtu, inondant la salle de poncifs et propos réactionnaires carrément limites en s’engloutissant bière sur bière. Il y a Gina, fidèle et perdue dans son amour de jeunesse, essayant de soutenir son Nénesse qu’elle continue d’aimer malgré sa connerie. Aurélien, barde des temps modernes avec toujours le poème ou le bon mot à la bouche, arrivé là par accident. Et Goran, boxeur musulman fuyant les zones d’extrémisme religieux et s’exprimant dans un français encore approximatif. Aurélien « le déchu » et Goran « le débarqué » se retrouvent sans papiers dans le box miteux sous-loué par Nénesse.

Parfois les personnages s’adressent à nous, salle, dans de longs monologues. Nénesse surtout qui dit tant d’insanités que quelques rires fusent, gênés et apitoyés devant tant d’immondicité. Ces personnages surfaits par le jeu du théâtre doivent quelque part exister parmi la société française avec leurs nuances, leurs histoires personnelles, leurs blessures.

Ce qui me frappe est qu’au final tout ce petit monde rêve de la même chose : « où sont les jambons -beurre » dit Nénesse tandis que Goran rêve de « la blanquette de veau du dimanche ». Tous aspirent à une France qu’ils ne représentent pas : une France traditionnelle vivant en vase clos loin du fracas des temps modernes. La pièce montre à voir cette société française fragmentée qui ne rêve que de s’assimiler, de s’en sortir quitte à gommer leur mixité alors que la France… c’est eux!

Au-delà de cette observation, la pièce déroule la parole, avec beaucoup de sauvagerie gratuite dans le langage de Nénesse (Oliver Marchal) opposé à la préciosité d’Aurélien (Geoffroy Thiebaut), l’élan d’espoir de Gina (Christine Citti) et le vocabulaire imagé de Goran (Hammou Graïa). Mais après ? La pièce ne démontre rien et le sens final m’échappe. Sans message, je trouve vaguement inutile d’aller m’écorcher les oreilles avec tant de grossièretés. Sans compter que la fin n’est pas vraisemblable.

Les acteurs sont bons mais ça ne va pas.

NENESSE de Aziz Chouaki, mise en scene de Jean Louis Martinelli au thŽ‰tre dejazet du 9 janvier au 3 mars 2018.
Avec: Olivier Marchal, Hammou Graia, Geoffroy Thiebaut.
(photo by Pascal Victor/ArtComPress)

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