Sur la scène du théâtre de Paris se dresse un décor de hall d’hôtel en faux marbre habité d’étranges énergumènes : riches, condescendants et croquignolesques à souhait.
Tout le mordant de Palace est là : c’est un tourbillon de chants et de mini scénettes qui s’enchaînent sans qu’on s’appesantisse. Au début, tout s’annonce bien : la scène des rêves est drôle, enjouée. Mais au bout de quelques sketchs, une certaine lourdeur s’installe.
On a l’âge qu’on a : n’ayant pas connue moi-même la série télévisée qui naquit sur Canal + en 1988 du temps de Pierre Lescure, je découvre l’univers fantasque et politiquement incorrect de Palace sur scène. Bien sûr, la célèbre « Lady Palace » incarnée par Valérie Lemercier, le maître d’hôtel et le client mécontent (Philippe Khorsand et Marcel Philippot) et son « Appelez-moi le directeur ! » étaient bien arrivés jusqu’à moi grâce aux pubs MAAF, culture pub s’il en est.
Malheureusement, tout ne prend pas et l’humour daté qui fonctionnait certainement sur le petit écran, à des années d’aujourd’hui et avec des acteurs qui ont fait leurs armes dans cette série ne fonctionne pas sur scène ; c’est même parfois un peu gênant. On peut appeler cela irrévérence si l’on veut mais il faut tout de même avouer que tous les sketchs ne sont pas du meilleur goût… Il manque pour moi une pointe d’élégance et de finesse que ni la belle énergie déployée par ce chœur ni le somptueux décor n’arrivent à faire oublier.
Dans cette série, on se moquait dit-on « de l’argent roi de années 1980 » mais cet esprit-là n’est plus tellement dans l’air du temps. Restaurer Palace avec des « matériaux d’aujourd’hui » comme dit Jean-Michel Ribes est peut-être précisément ce qui bloque : tout n’est pas bon à « restaurer » quand on a déjà atteint la forme la plus abouti d’un projet.
C’est très beau, bien joué (bien que les jingles soient en play-back, mais passons) mais à mon avis inaccessible quand on n’a pas l’esprit de la série originale en tête.
Je ressors en ayant le sentiment d’un univers auquel je n’arrive pas à m’identifier et d’une non-rencontre entre le texte et moi… C’est trop grotesque, je passe mon tour !
Crédit photo : photo tirée du programme, crédit Pascal Chantier
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