Paroles d’étoiles ce sont des enfants, autant d’étoiles jaunes enlevées à leur jeunesse par le national-socialisme. Des rêves évanouis qu’Armelle Lecoeur nous raconte avec finesse en s’appuyant sur les témoignages recueillis par Jean-Pierre Guéno (recueil publié en 2008).
La mise en scène d’Alexandre Oppecini de ce seul en scène utilise intelligemment un support audio et visuel qui ne laisse pas de place au hasard et demande une synchronisation parfaite entre l’actrice Armelle Lecoeur et les images : le rendu visuel est très réussi. Il y a dans ce spectacle touchant un véritable effort de recherche historique dans les photos d’époque et les archives de diffusion radio. Tout est fait pour rappeler à notre mémoire ce qui au-delà du théâtre fut des gens, des histoires et des vies.
Malgré une ou deux scènes en milieu de spectacles qui ajoutent de la longueur, la construction de la pièce avec des témoignages avant les rafles, pendant la guerre et à la libération est très intéressant et parle autant de la peur de la montée du nazisme que de la difficile reconstruction après la guerre. Les scènes d’après guerre surtout mettent en lumière, avec tact et délicatesse, des luttes intérieures qu’on imaginerait plus. Sur ce thème d’ailleurs, le spectacle trouve un écho dans le magnifique livre de Marceline Loridan-Ivens « et tu n’es pas revenu » que je recommande à tous.
Pour conclure, paroles d’étoiles est un beau travail de mémoire, nécessaire et salutaire car l’écho trop actuel de propos pourtant sortis d’un autre temps à de quoi faire froid dans le dos. C’est avec des spectacles comme cela, pédagogique et plein d’humilité, que l’on garde vivante la mémoire des leçons que l’histoire a à nous donner pour construire sans se tromper notre futur à tous.