Une lumière, quelque chose, un léger frémissement,
Une infime broutille, début du ravissement.
Voilà comme il s’y prend : c’est le ciel qui m’appelle !
M’intime d’ouvrir l’esprit à quelques rêveries.
Tantôt d’or paré, tantôt capitonné,
Il me tient compagnie, je l’enlace en pensée.
Un jour, nuage farceur, navigateur zélé,
Sirène des âmes en peine, passe par là et souffle :
« Ouvre grand ta rétine, viens jouer avec nous !
Regarde nous nager dans l’étendue du ciel.
Nous sommes venus pour toi, qui couve comme un regret,
Que veux-tu nous transmettre, à qui faut-il le dire ?
Nous voyagerons longtemps, confie-nous tes pensées,
Aie confiance : Zéphyr, Borée, Notos nous accompagneront,
A travers cieux nous volerons, auprès des êtres chers et hors de ta portée. »
Ô toi qui voit le ciel, Ô toi que j’aime tant !
Regarde en haut ce soir et garde mon secret.
Si les nuages viennent mon ami : aime-les !
Je cultive grâce à eux mon lien avec tes yeux.
Je suis la pluie, et l’eau qu’ils font couler sont tous mes pleurs pour toi.
Garde bien mon secret et comprends désormais,
Pourquoi dans mes bleus yeux s’invite un vert-de-gris.
Sois sans peur. C’est le nuage Farceur qui tout bas nous rappelle :
Au-dessus de nos têtes, les grandes barbes à papa,
Réconfortent et prennent soin des amis éloignés.