Difficile de détrôner le Ruy Blas mis en scène au TNP par Christian Schiaretti. En 2011, dans un décor classique somptueux, il donnait le rôle de Don Salluste à Robin Renucci dans une mise en scène faisant date. Ce Ruy Blas partait donc avec un handicap… et fut une très belle et très heureuse surprise !
Dans ce Ruy Blas, accueilli pour une soirée par le théâtre Montansier de Versailles, Don Sallustre est un homme lugubre et pervers interprété par Thierry Bosc. Ruy Blas, digne et inspiré, est interprété par le jeune et talentueux François Deblock (déjà vu dans l’excellente pièce « Chère Elena » en 2015).
Sur une scène sans artifices, légèrement penchée et qu’on imagine bien dans un festival en plein air, la pièce d’Hugo prend racine. On doit à cette mise en scène de Yves Beaunesne des passages qui donnent de l’allant au drame romantique d’Hugo.
La reine d’abord, majestueuse, apparaissant dans une robe qui n’est pas sans rappeler le tableau les ménines de Vélasquez. Au fil des scènes, Noémie Gantie déploie une ingénieuse fantaisie pour rendre ce personnage plus rêveur et plus virevoltant qu’à l’ordinaire. La duègne qui l’accompagne est son pendant comique. En ajoutant cette touche, la reine devient un personnage drôle et vivant, créant une complicité inattendue avec le public.
Puis dans la très célèbre scène du conseil des ministres, l’ingénieux metteur en scène affuble chacun des « Grands » d’une tête d’animal convoquant ainsi un imaginaire proche des fables de La Fontaine. L’animalité donne ainsi à la violence du pouvoir une imagerie bestiale et très visuelle.
Tout dans cette mise en scène est généreux. L’espièglerie mêlée à u
ne diction sans emphase qui n’étouffe jamais le texte porte les alexandrins haut et fort et rend accessible cette pièce pouvant se révéler difficile d’accès à un public jeune. Or ici, l’épique et le comique cohabitent : on rit avec Hugo.
Les parties chantées et dansées, les interludes comiques sont autant de respirations bienvenues et les costumes sont des plus réussis : beau, lumineux et évocateurs d’une époque sans tomber dans le classique poussiéreux.
Voilà une pièce lumineuse et un classique admirablement interprété !
Crédit photo : Guy Delahaye
Et pour réécouter nos avis sur la pièce sur Radio Mortimer, l’émission consacrée au spectacle vivant faite par des passionnés et des passionnées, c’est ici 👇