1848 : Louis-Philippe abdique après une révolte à Paris. Dumas, retiré dans sa propriété en construction de Port-Marly, souhaite s‘adresser à l’assemblée pour se déclarer en faveur de la régence. Sous la dictée, son associé et écrivain fantôme Auguste Maquet s’arrête et refuse de finir le courrier, pressentant lui l’avènement de la République. Ce désaccord met le feu aux poudres et déclenche une vive algarade entre les deux hommes.
Dans le rôle de Dumas, Xavier Lemaire exagère, déborde d’assurance tel un bourgeois débonnaire et caractériel qui méprise ses gens. Toute la première scène place ce décalage de tempérament entre lui et son fidèle associé Auguste Maquet (Davy Sardou), homme austère vissé à sa table d’écriture. Celui-ci reste d’abord insensible aux frasques de l’ « artiste » et assiste à son petit numéro jusqu’au moment où le chargé des postes débarque dans le salon pour annoncer l’abdication.
Pressentant le manque de jugement de Dumas et le péril que se déclarer en faveur de la régence ferait courir à leur collaboration, Maquet refus d’écrire. Ce comportement séditieux étonne et amuse d’abord Dumas avant de le consterner et de l’indigner. C’est seulement à ce moment de la pièce, lorsque Maquet rappelle qu’il est autant auteur de l’œuvre de Dumas que Dumas lui-même que la pièce devient réellement intéressante. Un nouveau rapport de force s’établit et le collaborateur fidèle et docile devient alors un homme de vengeance et un ennemi potentiel. Sans l’avouer, Dumas le comprend et perd peu à peu de sa superbe pour ne plus paraître si grand. Ces différents degrés d’interprétation et ces nuances de jeu sont à la mesure du conflit qui opposent les deux hommes dans cette lutte de reconnaissance.
Deux petits bémols tout de même, la mise en scène un peu statique de Tristan Petitgirard vient souligner des moments de longueurs dans la pièce. Les deux acteurs semblent parfois tourner en rond dans un décor fermé et lourd. De même, une langue un peu plus raffinée dans la bouche d’un écrivain aurait été plus que bienvenue.
“Signé Dumas” met en lumière cette association d’écrivain assez méconnue et les auteurs Cyril Gély et Eric Rouquette rendent à Auguste Maquet un peu de ce que la postérité lui a refusé. Une pièce sur fond de fiction historique originale !
crédit photo: Lot