Transmission- Théâtre Hébertot

Lorsque Mark Dolson interrompt le prêche du très aimé prêtre Farley pour émettre un avis contestataire, ni l’un ni l’autre n’imagine qu’on les réunira de nouveau. Mais le jeune séminariste fougueux est placé sous la responsabilité du père Farley par Monseigneur Burke. D’entrée de jeu, la complicité entre les deux acteurs rend ce face à face savoureux.

“Transmission” n’est autre que la reprise d’une pièce déjà jouée en 2013 sous le nom de “l’Affrontement” (et adaptée de la pièce “Mass Appeal” de Bill C. Davis) jouée par Francis Huster avec Davy Sardou à la place de Valentin de Carbonnières. D’après les photos, les décors sont à peu près similaire.

Certaines scènes comme le premier prêche du jeune Dolson provoquent un rire irrépressible : à la fois plein d’une tendre moquerie pour la rigidité de notre société et absurde dans le texte. On rit gaiement des maladresses de son personnage et du délicieux monologue que Valentin de Carbonnières arrive à porter avec sérieux. Pour sa part, Francis Huster en fait beaucoup trop mais son rôle de prêtre extraverti et un peu alcoolique s’y prête bien. On s’attache très rapidement à ces deux antagonistes.

Des thèmes religieux sont effectivement abordés au cours de la pièce tel que la place des femmes dans l’église et sa position face à l’homosexualité mais cette pièce propose surtout une réflexion sur notre adaptation aux règles dictées par la société. Comme un Misanthrope moderne, ce jeune aspirant à la fonction d’ecclésiastique se heurte à des mondanités, à des règles du jeu faussées, à des esprits étroits et médisants assis sur leur diocèse comme sur leur cassette d’or… Somme toute, à peu de la sincérité attendue chez des hommes de Dieux. Comme Philinte ou comme un professeur, le prêtre Farley essaie de tempérer le jeune homme, de lui transmettre son savoir, son expérience et peu à peu le rapport de force s’inverse. Le vieux prêtre retrouve ses vieilles convictions et par son disciple tente de croire à nouveau. Il laisse une brèche s’ouvrir dans sa carapace. A sa manière revêche, Dolson s’occupe aussi de lui, le panse par son envie et ses idéaux intactes.

Il s’agit là d’une très belle pièce dans une mise en scène de Steve Suissa relativement classique mais efficace. Drôle et humble à la fois, la pièce raconte dans le cadre inattendu de la religion et de ses réticences face à la modernité une histoire de fraternité et de « transmission » plus universelle encore.

Une véritable bonne surprise ! 

Crédit photo : Bénédicte Six

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