Dernière pièce du dramaturge contemporain de l’effervescence, « Une histoire d’amour » d’Alexis Michalik aborde des thèmes difficiles. S’appuyant sur une expérience intime, il nous embarque dans un « histoire d’amour » aux directions multiples. Rythmée comme il en a le secret, cette mise en scène parait cependant plus posée comme si la rapidité habituelle ployait un peu sous le poids des thèmes abordés que sont tout à la fois la mort, la séparation, la maladie, l’abandon.
Alexis Michalik nous porte l’histoire d’amour entre Katia (Juliette Delacroix) et Justine (Marie-Camille Soyer). Katia aime passionnément Justine mais s’avance prudemment dans cette relation par peur d’une déception qui finira par arriver lorsque Justine la quitte alors qu’elle est enceinte. Victime de ses mauvais gènes, Katia apprend 12 ans plus tard qu’elle va mourir d’un cancer héréditaire et cherche alors à confier sa fille Jeanne a son frère écrivain William. Mise au courant par celui-ci et rongée par le remord, Justine reviendra une dernière fois auprès de Katia avant l’ultime voyage. De son côté, William reconnectera à la vie au contact de Jeanne.
D’emblée mélodramatique, la pièce s’ouvre sur un titre de Charles Aznavour chantée en chœur par tous les protagonistes qui pendant la pièce ne cesseront de former ce même chœur. En effet chaque personnage, (trop) rapidement brossé, endosse des traits de personnalité typés. On décèle la prudence infortunée en la personne de Katia, l’inconstante frivole en Justine, la nonchalance cynique en William, la précocité triste en Jeanne. Ils forment ensemble un chœur plus nuancé, entier et touchant, l’un a l’autre attachés par ces connexions d’amour invisibles.
A la fois actuelle et intemporelle, cette histoire d’amour parle de l’abattement, de la souffrance et de l’errance mais aussi du pouvoir d’un enfant à sauver et redonner un repère a ceux qui à force de perte ne savent plus pourquoi ils sont là. Cette belle histoire n’avait pas besoin de se draper du sujet actuel du mariage pour tous pour raconter un même parcours univoque, celui de la salvation et de la régénérescence par la transmission au prochain, à l’enfant en devenir.
Cette nouvelle distribution de l’été 2021 dans laquelle Paul Lapierre remplace Alexis Michalik a gagné le cœur le public. Paul Lapierre est parfait dans ce rôle d’écrivain alcoolique et incapable d’avancer ou de prendre ses responsabilités. Tous sont au diapason.
C’est doux et dur à la fois, une pièce qui touche par son émotion juste. Du théâtre qui donne envie d’aimer, de pardonner et de vivre tant qu’on peut !
Une belle preuve du talent de M. Michalik à traiter de la dureté de la vie avec une tendresse proche de l’espérance.
Haut les cœurs !
Crédit photo : François Fonty