Zorba- Atelier Théâtre Actuel (Mois Molière & Off 2018)

En avant-première du Off d’Avignon, c’est sur la scène installée dans la cour des grandes écuries du château de Versailles que j’ai découvert la nouvelle création d’Eric Bouvron : « Zorba ».

Quelques costumes de belle facture, un accompagnement musical de Katerina Fotinaki et nous voilà transportés en territoire crétois. Cette terre au confluent de plusieurs civilisations, méditerranéenne et traditionnelle voit arriver dans les années 1920 un jeune écrivain, Nikos, accompagné de Zorba, son « homme à tout faire » fidèle et facétieux. Tout au long de la pièce, il développe sa philosophie de la vie et initie le jeune Nikos. Epicurien s’il en est, Zorba est l’homme de la Nature et du bon vivre, l’homme qui s’enivre de femmes comme d’un clair de lune. Ce personnage atypique et railleur révélera petit à petit à son jeune patron trop érudit l’art de vivre le présent comme le seul temps qui vaille, dans un élan de liberté qui ne souffre aucun joug. Nikos se laissera porter jusqu’à en perdre pied.

Dans cette adaptation théâtrale du livre de Nikos Kazantzakis, Eric Bouvron parvient à créer sur une scène dépouillée tout l’imaginaire du sud et le carcan des traditions. Cette réussite doit beaucoup aux acteurs. Dans le rôle de Zorba, Moussa Maaskri est l’incarnation du bon vivant. Une gouaille, un baluchon sur l’épaule et quelques pas de sirtaki : voilà un Zorba bienheureux ! Isabelle Andréani qui joue le rôle de la française est extravagante et touchante à la fois. Hilarant dans ses rôles d’animaux (le perroquet et le cochon), Alexandre Blazy campe un crétois fier et impitoyable. Eric Bouvron fait la part belle à ses compagnons de plateau en jouant juste ce qu’il faut le jeune Nikos en apprentissage et Vanessa Krycève joue avec candeur et force le rôle de la jeune veuve.

Ce théâtre, qui crée l’imaginaire à partir de rien est à la fois enivrant et joyeux. A voir absolument au Atelier Théâtre Actuel cet été au Off d’Avignon !

Une fois vu, il ne restera plus au spectateur qu’à (re)découvrir le film sorti en 1964 avec Anthony Quinn (et/ou lire le livre, bien sûr).

Pour le plaisir : l’archive INA de Dalida chantant la « danse de Zorba »

crédit photo: Aurore Vinot

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