Britannicus- Comédie-Française

 

c2073ffa77b5357a498057413bb09d3a-1462949832

Une salve d’applaudissements, le public en redemande et le rideau se relève par trois fois. Les acteurs semblent heureux (étonnés?) de cet enthousiasme. Dominique Blanc fait une rentrée au Français sans faux pas, avec cette prestance et cette belle voix à la diction parfaite qui la caractérisent. Une grande actrice sur un beau texte de Racine. La troupe offre un bon spectacle, digne de ce qu’on pourrait attendre du Français mais on a vu largement, largement mieux. Voici pourquoi:

La mise en scène tout d’abord : pourquoi ces vilaines tables d’open space, ces imperméables qui nous rappellent qu’il pleut dehors ? Vient-on au théâtre pour voir ce qui nous environne tout le jour ? Pourquoi refuser de nous faire rêver un peu avec de beaux costumes et un décor plus auguste ? Certes la mise en scène d’il y a de ça plusieurs années de Bérénice, ultra classique à force de colonnades et de toges, avait engloutie les acteurs en leur ôtant un peu de crédibilité car on ne se reconnaissait pas dans le drame. Mais n’y a-t-il point de juste milieu possible ? De plus jamais les acteurs ne nous regardent, ils sont comme derrière un écran de télévision, nous tournent le dos. On aurait voulu des personnages plus en contact avec l’audience, qui jettent des regards dans la salle car malheureusement l’émotion ne passe pas, on a l’impression d’être snobé. Les règles de théâtre les plus élémentaires (ne pas tourner le dos au public par exemple) sont faites pour établir ce lien qui peut faire basculer une représentation dans le sublime, il ferait bon le rappeler à Stéphane Braunschweig!

La distribution ensuite : malgré la gentillesse qu’on lui sait dans la vie quotidienne, Laurent Stocker n’a pas exactement la carrure d’un Néron. Sa petite taille lui donne l’air d’un nabot aux côtés de Narcisse, un nabot certes un peu méchant mais surtout pantois. La pièce eut pu se nommer “Néron manipulé” plutôt que “Britannicus”. On aurait aimé un Néron un peu plus vicieux et moins soumis à son entourage. Pour sa part, Dominique Blanc fait une Agrippine fort attachée au pouvoir mais qui sait jouer de sa verve et de son statut maternel pour mener sa barque. Il y a ce moment très court mais jubilatoire, après qu’Agrippine ait convaincu son fils, où l’actrice nous regarde et regarde les acteurs avant de partir en pavoisant comme une pimbêche. Génial, le public attentif et avide saisit cet instant et rit de bon cœur: il aurait fallu plus de ces petites étincelles car le public a suivi d’un gloussement où d’un murmure à chaque fois qu’on lui a donné quelque chose sous la dent en se rappelant qu’il faut jouer avec lui. Ne négligez pas un si bon public, monsieur Braunschweig, c’est pour lui que le théâtre est! On salue la prestation de Georgia Scalliet qui n’a plus à prouver son talent ni sa capacité à mettre de l’émotion dans son jeu. Certains acteurs m’agacent en ne s’oubliant pas derrière leur rôle et paraissant toujours eux quel que fut le rôle qu’on leur donne. Georgia Scalliet me plaît au contraire par sa constance dans la beauté du jeu.

Une bonne représentation donc mais une mise en scène qui ne met pas assez en lumière le talent des acteurs, une distribution à peut-être remanier et un texte qui aurait pu être un peu plus sublimé quoique la diction soit parfaite et qu’on arrive parfois à compléter les alexandrins. Un petit effort monsieur Braunschweig, c’est à la Comédie Française que vous “dirigez”, je reste sur ma faim !!!!

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *